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Le congé parental, encore stigmatisé dans le monde professionnel

Publié le par Stella Roca

Tandis que depuis le 1er juillet 2021 le congé paternité a été rallongé et passe de 11 à 25 jours, de nombreuses femmes témoignent de la mauvaise image du « congé  parental », déconsidéré par certains employeurs mais essentiel pour certains parents. Témoignages.

« Non le congé parental n’est pas un trou dans le CV ». Voici comment débute l’article de Maddyness qui a recueilli les témoignages de quatre femmes qui reviennent sur le congé parental et son mépris encore trop courant dans le milieu professionnel. Bien que les employeurs le perçoivent parfois comme une période reposante pour les parents, certaines militent pour éradiquer le mot « congé », peu représentatif de cette période de vie dédiée à son ou ses enfants.

Les clichés qui pèsent sur le congé parental

Alors que Séverine est Responsable communication et marketing RH, elle décide de prendre un congé parental à la naissance de son deuxième enfant. Souhaitant vivre pleinement ce moment avec son bébé et prendre le temps de l’accueillir, elle témoigne que « cette période ne s’apparente ni à des vacances, ni à un signe de paresse de ma part, ni même à une envie de faire une pause… Il faut arrêter avec ça », définissant cette période comme « un autre job ». Ses amis aussi lui disent souvent qu’elle fait « un break, tu es tranquille à la maison pendant que monsieur va travailler ».

Encore trop sous-estimé, le congé parental est une réelle expérience de vie dédiée à l’éducation de son ou ses enfants.Taghried, maman de deux filles, témoigne elle du mépris d’un recruteur lors d’un entretien d’embauche au retour de son congé parental. Après lui avoir demandé si elle souhaitait prendre des vacances en août, il ajoute : « De toute façon, vous êtes déjà en vacances ». La jeune femme avoue « Maintenant, en entretien d'embauche, j'assume complètement ma pause parentale. Il y a un temps pour tout et j’ai voulu profiter de ce moment rare dans une vie ». Elodie, elle, a fait un burn-out et a quitté son entreprise avant de démarrer une grossesse. Elle témoigne du manque de compréhension de la part de la société, qui « ne se rend pas compte que c’est un travail à temps plein ! La vision est tellement biaisée que les gens se permettent de te conseiller d’occuper ton temps en faisant autre chose, comme te former à une nouvelle compétence, pratiquer un sport… Pas facile quand on se lève cinq fois par nuit et que la journée n’est pas plus calme. »

« Le plus dur pour moi a été le retour en entreprise »

Le plus difficile pour Séverine a été le retour à la vie en entreprise, mais surtout le jugement et le regard des autres. « J’ai senti des appréhensions à mon retour en entreprise » avoue-t-elle alors qu’elle demande à effectuer un 80% (du temps de travail) qui lui est accordé, mais de mauvaise grâce. Elodie, chargée de recrutement, est témoin des discriminations dans le recrutement à la suite d’un congé parental. Elle incite aujourd’hui les parents à parler de leur expérience sans se justifier, mais surtout à ne plus être gênés. « Être parent ne remet pas en cause l’implication ou la productivité, il faut que les RH et managers l’intègrent une bonne fois pour toutes et que la parentalité devienne un sujet prioritaire en entreprise », confie-t-elle.Pauline, responsable RH et maman d’une petite fille, sait que « les entreprise sont loin d’être exemplaires sur ces questions ». Elle avoue qu’à son retour de son congé maternité, sa reprise à temps partiel lui a valu qu’elle soit écartée de son ancien travail et qu’on lui retire ses responsabilités. Constamment culpabilisée et méprisée, ses employeurs lui disent un jour que « pour réussir dans cette entreprise, mieux vaut ne pas avoir d’enfant ». Taghried parle elle de sa pause parentale comme un moment bénéfique, qui lui a donné la possibilité « de développer des compétences à re-mobiliser dans le monde professionnel ». Toutes les connaissances et capacités requises dans son travail dans le marketing ont pu s’adapter dans son quotidien de maman « sauf que la pause parentale est en fait quatre fois plus fatigante qu’un job classique, duquel on rentre chez soi le soir pour regarder Friends à la télévision ! » témoigne-t-elle.

Revaloriser la parentalité

C’est pour répondre à cette stigmatisation du congé parental et au retour souvent difficile en entreprise des parents que des mouvements se sont développés un peu partout. Redonner à la parentalité toute sa valeur, voilà le but du mouvement citoyen « Ma pause parentale ». Présent sur Linkedin, le réseau de recherche d’emploi, avec près de 3 605 abonnés, le mouvement veut « que votre congé maternité et/ou votre congé parental fassent partie de votre parcours professionnel ». Colombe Paland, cofondatrice du mouvement, explique que le but « est de montrer que cette étape ne s’apparente ni à des vacances, ni à un trou dans le CV qu’il faudra justifier lors de la reprise de sa vie professionnelle ». Les parents ayant fait le choix d’une pause dans leur travail pour s’occuper de leurs enfants peuvent maintenant l’écrire noir sur blanc sur Linkedin pour l’intégrer à leur parcours, et décrire toutes les compétences mobilisées pendant cette période. La loi française permet au père ou à la mère de faire une pause dans sa vie professionnelle lors de l’arrivée d’un enfant, avec pour seule condition l’ancienneté requise d’un an minimum. L’employeur ne peut refuser ce congé, peu importe la taille de l’entreprise. A l’issue du congé parental, le salarié doit retrouver son ancien emploi, ou un emploi similaire, ainsi qu’une rémunération au moins équivalente. Alors stop les jugements !