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L’appendice pourrait-il allonger notre durée de vie ?

Publié le par Alexandra Bresson

L'appendice fait désormais l’objet de nombreux travaux pour mieux comprendre son rôle. Une nouvelle étude menée par des chercheurs français suggère que sa présence chez de nombreux mammifères - dont l'Homme - serait en fait corrélée à l’allongement de la longévité. 

L’appendice est présent chez de nombreux mammifères, de l’orang-outan au koala, en passant par le lamantin, le castor et bien sûr l’être humain. La fonction de cette petite structure anatomique de quelques centimètres située dans l’abdomen, appendue au côlon, est très longtemps demeurée mal comprise : certains la considèrent même comme inutile. De nombreuses études scientifiques ont même déjà montré que l'appendice pouvait s’avérer dangereux pour la santé, en raison du risque d’inflammation qui peut survenir. On parle alors d’« appendicite ». En l’absence de traitement, cette inflammation peut évoluer en péritonite et même entraîner un décès.

Une nouvelle étude française

C'est pourquoi depuis plusieurs années, des travaux de recherche ont pour but d'en apprendre plus sur son rôle précis. Certains ont, par exemple, montré qu’une appendicectomie réalisée en cas d’appendicite avérée avant l’âge de 20 ans a des effets protecteurs contre la survenue d’une forme spécifique d’inflammation chronique du côlon et du rectum : la rectocolite hémorragique.

Récemment, une équipe de chercheurs français de l'Inserm et du Muséum National d’Histoire Naturelle s’est penchée sur la question en analysant les données de 258 espèces de mammifères dont 39 avec et 219 sans appendice… et ils ont peut-être trouvé la raison d’être de ce petit bout de l’abdomen ! Ils se sont intéressés à leur longévité maximale théorique (la durée de vie théorique des mammifères, établie en fonction de leur poids) et à leur longévité maximale réelle.

Un lien avec la longévité des mammifères

Leurs résultats récemment publiés dans le « Journal of Anatomy » montrent que la présence de l’appendice est corrélée à un allongement de longévité maximale observée pour l’espèce : en comparaison d'un mammifère de même poids ne possédant pas d’appendice, un mammifère qui présente cette fameuse structure anatomique a une durée de vie plus longue.

« L’idée de s’intéresser à la longévité nous a été suggérée par nos travaux portant sur la relation entre appendicite et appendicectomie, rectocolite hémorragique et l’implication du système immunitaire. Avec un système immunitaire plus actif et mieux éduqué, on doit théoriquement mieux résister à l’environnement et vivre plus longtemps. », explique Eric Ogier-Denis, co-directeur de l'étude à l'Inserm.

Un rôle de sanctuaire bactérien

Pour le chercheur, il s'agit d'une découverte très importante puisqu'il évoque « la première démonstration de l’existence d’une corrélation entre la présence de l’appendice et un trait de l’histoire de vie des mammifères. »

Pour expliquer ce lien entre présence de l’appendice et longévité, l'équipe scientifique émet l’hypothèse que ce dernier, de par sa forme, favoriserait la constitution d’un « sanctuaire bactérien » qui permettrait de diminuer la mortalité causée par une diarrhée infectieuse. Pour ce faire, l’appendice favoriserait la recolonisation rapide des espèces bactériennes essentielles à l’hôte. La présence de l’appendice serait ainsi associée à une diminution de la mortalité, donc à l’allongement de la longévité chez les mammifères qui en sont dotés.

L’appendicectomie, toujours incontournable en cas de besoin

Mais les chercheurs précisent bien que ce processus ne signifie pas qu’une appendicectomie pour appendicite réalisée chez l’Homme modifie l'espérance de vie. « L’appendicite dans le jeune âge est certainement bénéfique en exacerbant l’éducation du système immunitaire et en lui permettant de lutter efficacement en cas d’infection ultérieure. », note Eric Ogier Denis.

« Le traitement de l’appendicite reste l’appendicectomie et ce travail n’apporte aucun argument suggérant de modifier cette attitude thérapeutique. Seule l’appendicectomie réalisée sans appendicite pourrait avoir des conséquences délétères dans le contexte de pathologies inflammatoires et infectieuses intestinales. » La prochaine étape consistera à mener des études avec différents mammifères pour confirmer le lien entre appendice et longévité.

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