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La suspension du dioxyde de titane est confirmée... mais retardée

Publié le par Alexandra Bresson

La semaine dernière, Bruno Le Maire a opéré un rétropédalage en laissant entendre qu’il ne voulait plus suspendre le dioxyde de titane présent dans de nombreux produits. Mais nouveau rebondissement : face à l'insistance des organisations de la société civile, le ministre de l'Economie s'est engagé à signer l'arrêté de suspension de cet additif en avril, même si la date de mise en application n'est pas encore fixée.

Trouvera-t-on encore des produits alimentaires contenant du dioxyde de titane (additif E171) dans les rayons des supermarchés dans les prochains mois ? La question se pose après le rétropédalage de la semaine dernière. En décembre, 22 associations et ONG, dont Agir pour l’Environnement, Foodwatch, 60 millions de consommateurs et Générations Futures, signaient une tribune dans Le Monde pour demander au ministre de l'Economie Bruno Le Maire de « poursuivre le travail du Parlement en retirant ce colorant alimentaire qui présente des risques sanitaires. » Cette mesure étant en effet inscrite dans la loi Agriculture et alimentation du 30 octobre 2018, le dioxyde de titane devait disparaître en janvier.

Ces associations disaient redouter que l’entrée en vigueur de cette mesure ne soit gelée par Bercy, qui refuserait de rédiger cet arrêté « au motif qu’il n’y aurait pas de danger suffisamment 'grave ou immédiat' pour activer la clause de sauvegarde au niveau européen. » Une crainte qui s'est concrétisée le 8 janvier lorsque Bruno Le Maire, invité sur le plateau de l'émission « C à Vous », affirme que cet additif alimentaire controversé ne sera finalement pas suspendu ce mois-ci. « La cohérence, c’est d’avoir une évaluation qui soit partagée sur les dangers du dioxyde de titane. Il y a l’évaluation de l’Inra* et il y a celle de l’Anses**, qui concluent à des évaluations différentes », a-t-il expliqué.

Le ministre attend les nouvelles conclusions d'une agence sanitaire

Sans compter l’évaluation de l’Union européenne, « qui ne partage pas l’analyse de l’INRA », ajoute-t-il. Dans le doute, le ministre a souhaité s'en remettre aux fabricants en attendant une nouvelle évaluation de l'Anses. Un revirement de situation qui n'est pas du goût des associations et ONG signataires. Mais voilà que dans la même semaine, Bruno Le Maire les invite pour s’expliquer du couac provoqué par ses déclarations. Ce dernier est revenu sur ses propos et s’engage à bel et bien à signer l’arrêté tant attendu, comme le fait savoir 60 millions de consommateurs. « Il s'est engagé à le signer le 15 avril mais on ne connaît pas encore la date exacte de la mise en place de cette suspension. »

Pourquoi décider de reporter la signature à cette date précise ? Ce délai permettrait de sécuriser juridiquement la décision. « Bruno Le Maire explique avoir besoin, pour signer cet arrêté, d'une base juridique qui sera fournie par la nouvelle évaluation de l'Anses » souligne 60 millions de consommateurs. Qui précise que « ce délai supplémentaire permettra aux industriels de fournir à l'agence les données sur le E171 pour son évaluation et de prendre leurs dispositions pour substituer cet additif. » L'ONG Foodwatch France affirme quant à elle que « le ministre a reconnu l’importance de mettre en œuvre le principe de précaution pour protéger la santé des concitoyens et concitoyenne. »

Mais bien qu'elle se félicite de cette clarification, celle-ci dit regretter que cette suspension prenne trois mois. « Chaque jour supplémentaire expose les consommateurs à un potentiel risque cancérogène », conclut-t-elle. Le dioxyde de titane est utilisé dans de nombreuses applications, notamment pour son caractère de colorant blanc. En tant que tel, il est notamment utilisé dans la fabrication de confiseries, mais le fait qu'il soit en partie composé de nanoparticules (10 000 fois plus petites qu’un grain de sel) fait polémique. Selon une récente étude de l'Inra, leur taille leur permet de franchir les barrières physiologiques et de s’accumuler dans le corps, où elles pourraient avoir des effets toxiques.

*Institut national de la recherche agronomique 
**Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

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