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La revue Prescrire dresse son nouveau bilan des médicaments dangereux en France

Publié le par Alexandra Bresson

Pour aider à choisir des soins de qualité et éviter des dommages disproportionnés pour les patients, la revue médicale Prescrire a mis à jour son bilan des médicaments qu'elle conseille « d’écarter pour mieux soigner ». Cette année, pas moins de 93 médicaments commercialisés en France sont concernés, dont une dizaine récemment ajoutée à la liste.

Pour la neuvième année consécutive, Prescrire publie un bilan "des médicaments à écarter pour mieux soigner". Il recense des médicaments plus dangereux qu'utiles, à écarter des soins. « L'objectif est d'aider à choisir des soins de qualité, pour d'abord ne pas nuire aux patients et pour éviter des dégâts. », précise la revue médicale. Celui-ci évolue chaque année, et suite à son analyse, certains médicaments sont ajoutés, et d'autres retirés. Soit parce que leur commercialisation a été arrêtée sur décision de la firme ou d'une autorité de santé. Soit le temps d'un réexamen de leur balance bénéfices-risques par Prescrire, qui sera alors susceptible d'être modifiée par de nouvelles données.

Quelles sont les principales évolutions annoncées cette année ? La revue fait savoir que, parmi les nouveautés, deux médicaments ont été ajoutés car « les effets indésirables sont disproportionnés par rapport à leur faible efficacité ou à la bénignité de la situation clinique dans laquelle ils sont autorisés. » Il s'agit de finastéride 1 mg (Propecia° ou autre) dans l'alopécie androgénique chez les hommes et du piracétam (Nootropyl° ou autre), un "vasodilatateur" autorisé dans diverses situations cliniques dont les vertiges et les déficits cognitifs. Par ailleurs, trois autres médicaments ont une certaine efficacité, mais leurs effets indésirables sont disproportionnés ou d'autres options moins dangereuses existent.

112 médicaments autorisés plus dangereux qu’utiles

Il s'agit de l'eskétamine en solution pour pulvérisation nasale (Spravato°) dans les dépressions dites résistantes, du pimécrolimus (Elidel°) dans l'eczéma atopique et du romosozumab (Evenity°) dans l'ostéoporose postménopausique sévère. Par ailleurs, les experts ont annoncé le retour des gliflozines parmi les médicaments à écarter dans les diabètes. Selon eux, « les hypoglycémiants du groupe des gliflozines dans le diabète de type 2 ont une balance bénéfices-risques défavorable confirmée et figuraient dans le bilan des médicaments à écarter en 2019. Leur inscription a été suspendue en 2020, le temps de l'évaluation de la balance bénéfices-risques de la dapagliflozine dans le diabète de type 1. »

Après ce temps de réévaluation, ce groupe d'hypoglycémiants figure donc à nouveau parmi les médicaments à écarter. Plus généralement, ont été recensés 112 médicaments jugés plus dangereux qu’utiles dans les indications figurant dans l’AMM* dont 93 commercialisés en France. Cela signifie que pour ces médicaments, la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques dans lesquelles ils sont autorisés (sauf exceptions précisées en note). Et ce pour plusieurs raisons : ils exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices, des médicaments plus récents ont une balance bénéfices-risques plus favorable ou l’efficacité n’est pas prouvée au-delà d’un placebo.

Pourquoi autant de risque d'effets indésirables ?

Quand de meilleures options existent, la revue les expose mais celle-ci indique qu'il peut s'agir parfois « d’une situation clinique, grave ou non, pour laquelle aucun autre traitement avec une balance bénéfices-risques favorable n’est connu. » Cardiologie, dermatologie, rhumatologie, neurologie, gynécologie, pneumologie, urologie... tous les domaines de santé sont concernés. « Certains de ces médicaments peuvent paraître bénéfiques à certains patients, surtout tant que des effets nocifs ne se sont pas manifestés chez eux. Ces médicaments plus dangereux qu'utiles sont des causes de mortalité, d'hospitalisations ou d'effets nocifs graves ou très gênants, largement évitables. », ajoute-t-elle.

Comment expliquer cette situation ? Il s'avère qu'au moment de l’AMM, beaucoup d’incertitudes persistent. « Certains effets indésirables peuvent ne pas avoir été repérés lors des essais, et le sont parfois seulement après plusieurs années d’utilisation par un grand nombre de patients. », indique la revue. Par ailleurs, des effets indésirables peuvent aussi avoir été sous-estimés en raison de la grande sélection des patients inclus dans les essais cliniques. En cas d’impasse thérapeutique, cette dernière conclut sur l'importance d'instaurer un accompagnement approprié et des soins symptomatiques pour aider le patient à supporter l’absence d’option efficace pouvant améliorer sa qualité de vie.

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