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La consommation d’aliments avec un mauvais Nutri-Score associée à une mortalité accrue

Publié le par Alexandra Bresson

Une récente étude menée par des chercheurs français indique que la consommation d’aliments moins bien classés par le score de qualité nutritionnelle, sur lequel repose le Nutri-Score, est associée à une mortalité accrue. Ces résultats valident l’intérêt de ce logo de couleur présent dans les rayons depuis 2017 en ce qui concerne les politiques de santé publique.

Le logo Nutri-Score a été développé pour aider les consommateurs à choisir des produits de meilleure qualité nutritionnelle dans les rayons, et pour encourager les industriels à améliorer celle de leurs produits. Car s’il est aujourd’hui établi qu’une alimentation moins riche en sucres, graisses saturées, sel et calories et plus riche en fibres et fruits et légumes est plus favorable à la santé, appliquer ces recommandations en pratique reste un défi important. Répondant à ce besoin, cela fait près de trois ans que ce dispositif d'étiquetage nutritionnel à 5 couleurs est apposé sur certains emballages, son application étant optionnelle du fait de la réglementation européenne sur l’étiquetage.

Ce dernier fournit une indication sur la qualité nutritionnelle des produits : de A (correspond au vert foncé, qualité nutritionnelle élevée) jusqu'à E (correspond à l'orange foncé, qualité nutritionnelle moindre), la catégorie à laquelle appartient l’aliment est mise en exergue sur le logo par une lettre plus grande. Les couleurs du Nutri-Score sont attribuées en fonction du score FSAm-NPS (Food Standards Agency Nutrient Profiling System), qui reflète le profil nutritionnel des aliments à partir de leur composition (pour 100 g) en énergie, sucres, acides gras saturés, sodium, protéines, fibres et fruits et légumes. Après calcul, le score obtenu par un produit permet de lui attribuer une lettre et une couleur.

Une étude menée sur plus de 50 000 personnes

De nombreuses études publiées dans des journaux scientifiques ont démontré la validité de ce score pour caractériser la qualité nutritionnelle des aliments, ainsi que l’efficacité du Nutri-Score pour choisir des produits de meilleure qualité nutritionnelle. En particulier, des liens entre la consommation d’aliments les mieux classés sur l’échelle du Nutri-Score, reflétant une qualité nutritionnelle plus élevée, et une meilleure santé ont jusqu’ici été observés en France, au Royaume-Uni et en Espagne. Une étude publiée 2018 par l'Inrae en avait par exemple démontré que le logo permet de diminuer les tailles de portions sélectionnées pour les produits considérés comme moins favorables à la santé.

Une nouvelle étude publiée dans le journal BMJ et menée par des chercheurs français* visait à rechercher des associations entre le score FSAm-NPS des aliments consommés et la mortalité au sein d’une cohorte de 50 594 participants appelée « EPIC**». Au cours du suivi entre 1992 et 2015, 53 112 participants sont décédés de causes non-accidentelles, y compris de cancer et de maladies des appareils circulatoires, respiratoires et digestifs. Les résultats de l'étude montrent que ceux qui consommaient plus d’aliments avec un score FSAm-NPS plus élevé, reflétant une qualité nutritionnelle moindre (donc à des aliments moins bien classés par le Nutri-Score), présentaient une mortalité accrue.

La « pertinence » de ce logo une nouvelle fois démontrée

Par ailleurs, ces résultats étaient significatifs, même après la prise en compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie. « Nos résultats, combinés à l’ensemble des autres résultats, contribuent à montrer la capacité du score FSAm-NPS et du Nutri-Score à caractériser la qualité nutritionnelle des aliments, mais aussi la pertinence de l’utilisation du score FSAm-NPS et du Nutri-Score dans le cadre de politiques de santé publique visant à orienter les consommateurs vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle, dans une optique de prévention des maladies chroniques. », soulignent Mélanie Deschasaux et Mathilde Touvier, qui ont coordonné l'étude.

Les chercheurs regrettent cependant que l'usage du Nutri-Score, bien qu'adopté dans de nombreux pays européens (Belgique, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Suisse) repose sur la volonté des industriels de l’agroalimentaire. A ce jour, plus de 350 entreprises et marques (Franprix, Intermarché, Danette, Herta, Bonduelle...) se sont engagées à le mettre en place. Mais un point crucial « reste la nécessité d’une harmonisation au niveau européen pour que soit mis en place de manière obligatoire un seul logo efficace pour les consommateurs. », indiquent-ils. Cette harmonisation est prévue en 2022 dans le cadre de la stratégie “Farm to Fork” présentée en mai par la Commission Européenne.

*Des chercheurs de l’Inserm, de l'INRAE, du Cnam et de l’Université Sorbonne Paris Nord, en collaboration avec des chercheurs du Centre International de Recherche sur le Cancer (OMS/CIRC)

**European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition

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