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Hyperandrogénie : pourquoi certaines sportives sont privées de JO ?

Publié le par Stella Roca

Alors que tous les sportifs et sportives aspirent à participer au moins une fois aux Jeux Olympiques, certaines athlètes, pourtant au niveau, sont obligées d’oublier leur rêve de médailles. Et ce, parce qu’elles sont considérées comme « trop masculines »…

On vous explique.

Tout commence par l’annonce à l’été 2009 de la gagnante des  championnats du monde d’athlétisme de Berlin : Caster Semenya. Quelques heures avant sa victoire, la fédération internationale  d’athlétisme révèle qu’elle enquête sur le sexe de la sportive, jugée physiquement trop masculine. À la suite de cela, elle sera interdite plusieurs fois de compétitions.

Des virtuoses du sprint trop masculines

World Athletics, la fédération sportive internationale chargée d’organiser les compétitions, mène alors une étude qui semble prouver que les femmes avec des taux de testostérone élevés ont un « avantage significatif » dans plusieurs disciplines. L’organisme instaura par la suite, en 2018, une règle obligeant ces sportives à avoir un taux de testostérone en dessous de 5 nmol/L.

Celles atteintes d’hyperandrogénie, c’est-à-dire d’un excès d’hormones androgènes circulant dans le sang, dont la testostérone, sont donc considérées comme « trop masculines » pour concourir avec les autres filles et doivent prendre un traitement médicamenteux sur une durée de six mois consécutifs.

Un traitement qui les met en danger

Pierre-Jean Vazel, entraîneur d’athlétisme, explique dans le quotidien Le Monde que « baisser ce taux pour pouvoir participer à des compétitions, ne s’impose pas d’un point de vue médical – elles ne sont pas malades[…] cela les met en danger, car une vingtaine d’effets indésirables sont recensés et cela provoque de manière anticipée une sorte de ménopause ».

En 2019, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait d’ailleurs jugé que les traitements médicaux imposés aux athlètes étaient « inutiles, humiliants et préjudiciables ». Il avait également critiqué le règlement de World Athletics qui "pourrait ne pas être compatible avec les normes et règles internationales relatives aux droits de l'Homme".

Des championnes privées de leur rêve

Caster Semenya, grande absente des JO de Tokyo 2021 en raison de son refus de prendre ce traitement médicamenteux, n’est pas la seule concernée par cette règle. Margaret Wambui, une Kényane de 26 ans, surdouée de la course de demi-fond, arrivée 3ème aux derniers JO sur le 800 m et présente sur le podium à chaque compétition, ne participe pas non plus aux Jeux Olympiques d’été, en raison de son taux naturel élevé de testostérone.

Les championnes Christine Mboma, âgée de 18 ans, aujourd’hui 7ème meilleure performeuse de tous les temps sur le 400m, et Aminatou Seyni, sprinteuse nigérienne, plusieurs fois médaillée, ont du se résigner à ne participer qu’au 200 mètres, discipline non-concernée par le règlement sur les femmes atteintes d’hyperandrogénie.

Pierre-Jean Vazel souligne que cette règle « essaie d’imposer un contrôle sur le corps des femmes » et provient surtout d’un manque  d’informations sur l’hyperandrogénie et de stéréotypes concernant le physique des femmes.