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Grossesse : la future mère ne transmet pas son anxiété au bébé, selon une étude

Publié le par Alexandra Bresson

Enquête à l'appui, des chercheurs affirment que les mères qui souffrent d'anxiété pendant la grossesse ne transmettent pas de problèmes émotionnels similaires à leurs enfants. En revanche, une exposition ultérieure à un parent anxieux peut avoir un impact conséquent selon deux facteurs : la génétique ou l'environnement.

Augmenter le sentiment d'anxiété, perturber le sommeil, affecter l'appétit... Le stress pendant la grossesse n'est bon ni pour la mère ni, comme il est courant de le dire, pour le bébé. La littérature scientifique rapporte en effet qu’un stress prénatal peut avoir des répercussions tout au long de la vie d'un enfant. Néanmoins, la manière dont ce stress peut lui être « transmis » reste en partie inconnue. Partant de ce constat, des chercheurs du King's College de Londres (Angleterre) ont mené une étude pour en savoir plus sur l'association entre le stress chez les parents avant et après la naissance de l'enfant, et la tendance chez ce dernier à développer des troubles du comportement intériorisé (des comportements anxieux, dépressifs et de retrait sans aucune cause médicale signalée).

Ces derniers affirment dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry que les mères qui souffrent d'anxiété pendant la grossesse ne transmettent pas de problèmes émotionnels similaires à leur enfant, mais que c'est l'exposition à un parent anxieux après la naissance qui pourrait avoir un impact, même après avoir tenu compte du rôle de la génétique. « Les enfants de parents anxieux sont plus à risque de développer eux-mêmes des problèmes similaires. Cependant, difficile de savoir si les parents ont une influence directe dans ce domaine de manière “environnementale” à mesure que l'enfant grandit, ou s'ils lui transmettent une prédisposition génétique à l'anxiété, ou si ces deux facteurs coïncident.», indique l'équipe scientifique.

Les mères qui souffrent d'anxiété pendant la grossesse ne transmettent pas de problèmes émotionnels à leur enfant. C’est l'exposition à un parent anxieux après la naissance qui aurait un impact.

La génétique ou l'environnement familial en cause

Pour le déterminer, les chercheurs ont examiné huit études existantes en Europe et aux États-Unis publiées entre 2010 et 2019 sur l'association entre l'anxiété parentale pendant la grossesse et les problèmes émotionnels chez leurs enfants. Ils se sont particulièrement intéressés aux études qui tenaient compte du rôle de la génétique dans la transmission de l'anxiété. Les données de trois études (qui ont évalué des enfants âgés de 0,5 à 10 ans) ont montré que l'exposition à l'anxiété maternelle pendant la grossesse n'était pas associée à des problèmes émotionnels chez les enfants. Mais celles de six autres études (qui évaluaient une tranche d'âge plus large d'enfants de 0,75 à 22 ans) ont trouvé une association modeste entre l'anxiété postnatale et les problèmes émotionnels ultérieurs chez les enfants.

« Bien que nous ayons trouvé des preuves que l'exposition postnatale à l'anxiété des parents peut causer des problèmes émotionnels ultérieurs chez les enfants, il n'est pas possible de dire si cet impact est significatif et durable. Une fois que les enfants sont nés, la façon dont ils deviennent anxieux est beaucoup trop complexe pour que nous puissions faire des hypothèses générales. », notent les chercheurs. « Nous encourageons les cliniciens à adopter une approche holistique, qui considère l'influence des traits hérités génétiquement et l'environnement familial partagé. » Ces derniers recommandent également de mener d'autres recherches plus poussées dans ce domaine, car la plupart des données examinées ici se sont uniquement concentrées sur les relations mère-enfant.

Selon les chercheurs, le contexte qui va être offert à l’enfant dès sa naissance est décisif, et peut réparer les expériences de stress vécu dans l’utérus.

Or, « les recherches futures devraient considérer le rôle des pères, des frères et sœurs et des membres de la famille au sens large. Il est important de comprendre le rôle des facteurs que sont la génétique et l'environnement, afin de développer de meilleurs moyens pour prévenir ou gérer les problèmes émotionnels chez les enfants. », concluent-ils. A noter que dans le cadre d'une recherche dédiée aux 1000 premiers jours de la vie lancée par des chercheurs du CHRU de Lille, une fiche dédiée a été publiée sur le site Internet du projet : comment éviter le stress pendant ma grossesse ? On y apprend que ce qui se passe pendant la grossesse peut être contrebalancé après la naissance : le contexte qui va être offert à l’enfant est décisif, et peut réparer les expériences de stress vécu dans l’utérus.

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