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Fertilité masculine : le sperme de moins en moins riche en spermatozoïdes, partout dans le monde

Publié le par Marion Bellal

La fertilité masculine serait en chute libre. Une synthèse de nombreuses études constate que le nombre de spermatozoïdes dans le sperme a été divisé par deux entre 1973 et 2018. Un constat qui menace la survie de l'humanité, alertent les chercheurs. 

Réunion des résultats de 223 études au sujet de la fertilité masculine, menées dans 53 pays, sur 6 continents, entre 1973 et 2018, la synthèse réalisée par les épidémiologistes Hagai Levine (Université hébraïque de Jérusalem), Shanna Swan (faculté de médecine Mount-Sinai à New York), et leurs collègues, est l'une des plus exhaustives publiée à ce jour. Ses conclusions, révélées mardi 15 novembre dans la revue Human Reproduction Update, sont alarmantes. 

La concentration moyenne de gamètes dans le sperme divisée par deux

De 1973 à 2018, en moins de 50 ans donc, la concentration moyenne de gamètes dans le sperme de la population masculine mondiale est passée de 101 millions par millilitre (M/ml) à 49 M/ml. Or, ce dernier taux est déjà considéré comme celui d'un homme très peu fertile. Tous les pays, pas seulement ceux dits occidentalisés, sont concernés.

Les causes de cette chute de la fertilité masculine sont nombreuses :

  • le mode de vie : sédentarité, tabagisme, consommation d'alcool, alimentation, stress...
  • l'environnement : pollution atmosphérique, pesticides, perturbateurs endocriniens (phtalates, bisphénol A...), métaux lourds (plomb...)...
  • la présence de certains médicaments et substances de synthèse (plastifiants...), notamment dans l'alimentation. 

 

“Nous avons entre les mains un problème grave qui, s’il n’est pas maîtrisé, pourrait menacer la survie de l’humanité”, alertent les chercheurs.

Infertilité masculine : une accélération depuis 2000

Donnée plus inquiétante encore : ce déclin s'est intensifié depuis le début du XXIe siècle. Alors que le taux moyen de réduction de la concentration de spermatozoïdes dans le sperme était de 1,16 % par an, au niveau mondial, de 1973 à 1985, il est passé à 2,64 % entre 2000 et 2018. Hagai Levine tire la sonnette d'alarme : « Nous avons entre les mains un problème grave qui, s’il n’est pas maîtrisé, pourrait menacer la survie de l’humanité. »

De plus, l'augmentation des diagnostics d'infertilité des couples ne s'explique qu'en partie par le déclin de la concentration du nombre de gamètes dans le sperme. La fertilité féminine, plus difficile à mesurer, chute vraisemblablement au même rythme que la masculine. Le choix, dans certaines régions du monde, d'avoir un premier enfant plus tardivement, joue aussi un rôle. D'après Yves Ville, chef de service de la maternité de l'hôpital Necker, 20 % des femmes françaises ont leur premier enfant à plus de 35 ans. 

Toutefois, Allan Pacey, professeur d'andrologie à l'Université de Sheffield (Royaume-Uni), tempère auprès de l'AFP ces résultats  : il émet l'hypothèse que les techniques de mesure de la concentration en spermatozoïdes dans le sperme soient tout simplement de plus en plus fiables, et que la réalité n'était donc pas reflétée lors des études réalisées en 1973.