Femme battue expulsée pour nuisances : Marlène Schiappa apporte son soutien

C’est une affaire ahurissante qui a fait beaucoup de bruit ces derniers jours, notamment sur les réseaux sociaux, via les hashtags #JusticepourÉlodie et #JeSoutiensÉlodie.

Elodie, 37 ans et mère de deux enfants, a en effet reçu l’ordre de quitter son logement avant le 12 septembre, car le voisinage s’est plaint de nuisances sonores. Jusque-là rien de bien grave, sauf que ces nuisances étaient en réalité dues à des violences conjugales. Le mari d’Elodie avait en effet régulièrement recours à la violence verbale et parfois physique envers sa conjointe, qui a plusieurs fois porté plainte à ce sujet. Grâce à ces démarches, cette mère de famille avait obtenu que son époux violent soit forcé de déménager et interdit de l’approcher. Il devra répondre de ses actes devant la justice en septembre prochain.

 Mais pour Elodie, les problèmes ne sont pas terminés, puisqu’en avril, elle reçoit un courrier du tribunal d'instance, la prévenant de la résiliation de son bail. Ses voisins, excédés par le bruit des disputes, ont en effet prévenu Immobilière 3F, le bailleur social du couple. Pour la mère de famille, c’est l’incompréhension, puisque jamais aucun voisin n’était venu lui faire part de cette gêne vis-à-vis du bruit ! Mais le mal est fait : une procédure d’expulsion est lancée et l’audience fixée au 18 mai, date à laquelle Elodie vit désormais seule avec ses deux enfants. Malgré cela, le juge a prononcé l’expulsion de la famille, en justifiant son choix par le fait que le bail de l’appartement est au nom des deux conjoints. Elodie devra quitter les lieux le 12 septembre prochain au plus tard.

 Choquante, cette affaire a fini par être révélée par la presse, et notamment “Le Parisien”, créant l’émoi et la colère sur les réseaux sociaux.

D’abord peu coopérante, la société Immobilière 3F a indiqué qu’elle allait chercher une solution de relogement pour la maman et ses enfants.

Mise au courant de cette affaire de violences conjugales, la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa a fait part de son indignation, et a divulgué la lettre, datée du 12 août, qu’elle a envoyée à la société Immobilière 3F.

« Est-ce habituel pour votre groupe d'expulser des locataires au motif qu'elles sont victimes de violences dans leur domicile ? [...] Alors qu'une femme décède en France tous les trois jours sous les coups de son conjoint, j'aimerais savoir quelle procédure vous envisagez de mettre en place pour éviter leur expulsion et pour répondre à l'avenir aux témoins de violences de ce type », note amèrement Marlène Schiappa, évoquant par ailleurs la “non-assistance à personne en danger”, et rappelant que le numéro 3919 est aussi ouvert aux témoins de violences conjugales.

« Une femme qui subit jusque dans son domicile des violences conjugales doit être aidée, pas expulsée ! La société tout entière doit se ressaisir et agir solidairement. [...] J’exige des explications et la mise en place d’une procédure de soutien », a ajouté la secrétaire d’Etat en guise de légende à sa lettre, sur Twitter. « Nous avons pris contact avec son avocate et suivons attentivement ce dossier, et la mise en place d’une procédure de soutien pour les autres signalements de ce type », a-t-elle par ailleurs précisé.

 De son côté, Elodie a assuré à nos confrères de France Info avoir reçu un appel de son bailleur lui proposant de la reloger, ou du moins d’essayer de lui trouver un logement qui convient, au regard de ses revenus et de sa situation.

 Sources : Le Parisien, France Info, Twitter