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Faire du sport, c’est bon pour la mémoire


Publié le par Alexandra Bresson

En explorant les bénéfices du sport sur la mémoire et l’apprentissage moteur, des scientifiques de l’Université de Genève (UNIGE) démontrent qu’une séance d’exercice physique intensif aussi brève que 15 minutes de vélo améliore la mémoire, notamment l’acquisition de nouvelles compétences motrices. En cause, l’action de molécules connues pour augmenter la plasticité synaptique : les endocanabinoïdes. Cette étude met en lumière les vertus du sport pour la santé comme pour l’éducation.

Si le sport est bon pour le corps, il semble l’être aussi pour le cerveau. Par exemple, juste après un exercice sportif, en particulier d’endurance, on ressent bien souvent un bien-être physique et psychologique. Cette sensation est due aux endocannabinoïdes, de petites molécules produites par l’organisme lors d’un effort physique. « Ils circulent dans le sang et passent facilement la barrière hématoencéphalique. Ils se fixent sur des récepteurs cellulaires spécialisés et déclenchent cette sensation d’euphorie. De plus, ces mêmes molécules se fixent sur des récepteurs de l’hippocampe, la structure cérébrale au cœur des processus mnésiques.» indique, Kinga Igloi, de la Faculté de médecine de l’UNIGE*.

Mais quel est le lien entre sport et mémoire? C’est ce que ces chercheurs ont voulu comprendre. Pour tester l’effet du sport sur l’apprentissage moteur, ils ont demandé à un groupe de 15 hommes en bonne santé, sans pour autant être des athlètes, de se soumettre à un test de mémoire dans trois conditions d’exercice physique : après 30 minutes de vélo d’intensité modérée, après 15 minutes de vélo intensif ou après un moment de repos. « L’exercice était le suivant: un écran montrait quatre points placés les uns à côté des autres. Chaque fois qu’un des points se changeait brièvement en une étoile, le participant devait appuyer le plus vite possible sur la touche correspondante.», détaillent les chercheurs.

Un effort intense est plus efficace

Par ailleurs, l’ordre des étoiles suivait une séquence prédéfinie et répétée afin d’évaluer précisément l’apprentissage des mouvements. « Après une séance de sport intensif, les performances à cette tâche étaient bien meilleures. », ajoutent-ils. Outre les résultats aux tests mnésiques, les scientifiques ont aussi observé par imagerie cérébrale les modifications d’activation des structures cérébrales, et ont effectué des analyses de sang afin de mesurer les taux d’endocannabinoïdes. Les différentes analyses concordent : plus les individus sont rapides, plus ils activent leur hippocampe (aire cérébrale de la mémoire) et le noyau caudé (une structure cérébrale intervenant dans les processus moteurs).

Par ailleurs, leur taux d’endocannabinoïdes suit la même courbe : plus le taux est élevé après l’effort physique intense, plus le cerveau est activé et meilleures sont les performances cérébrales. « Ces molécules sont impliquées dans la plasticité synaptique, la manière dont les neurones sont reliés entre eux, et pourraient agir ainsi sur la potentialisation à long terme, le mécanisme permettant une consolidation optimale de la mémoire. » indiquent les scientifiques. Dans une autre étude, ces derniers avaient montré l’effet positif du sport sur un autre type de mémoire, la mémoire associative. Mais ils avaient observé qu’une séance de sport d’intensité modérée engendrait de meilleurs résultats.

Améliorer les apprentissages scolaires ou prévenir Alzheimer

Ainsi, de même que toutes les formes de mémoire ne font pas appel aux mêmes mécanismes cérébraux, toutes les intensités de sport n’ont pas les mêmes effets. Dans tous les cas, l’exercice physique est bénéfique pour celle-ci. L'équipe scientifique estime que cette découverte a son importance puisque les programmes scolaires et les stratégies visant à réduire les effets de la neurodégénération sur la mémoire pourraient ainsi en bénéficier. « Une activité sportive peut constituer une intervention facile à mettre en place. Il serait par exemple utile de prévoir un moment de sport à la fin d’une matinée d’école pour consolider les apprentissages scolaires.», selon Kinga Igloi.

A la suite de cette étude publiée dans « Scientific Reports », les scientifiques poursuivent leurs travaux en se penchant sur les troubles de la mémoire, notamment en étudiant des populations à haut risque de développer la maladie d’Alzheimer. « Certaines personnes peuvent, dès 25 ans, subir des déficits mnésiques subtils caractérisés par une suractivation de l’hippocampe. Nous voulons évaluer dans quelle mesure une pratique sportive pourrait contribuer à compenser ces déficits précoces annonciateurs de la maladie d’Alzheimer.», concluent-ils. A noter que selon l'OMS, les jeunes gens de 5 à 17 ans devraient accumuler au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à soutenue.

*L'Université de Genève 

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