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Enquête : une colonie de vacances inclusive et bienveillante pour les ados

Publié le par Stella Roca

Nos confrères de Libération ont suivi pendant deux jours une dizaine de jeunes participant à une colonie de vacances dite « inclusive ». Le principe ? Durant deux semaines, « Toustes en colo » accueille des jeunes  de 12 à 17 ans « issus des minorités ». Ces jeunes LGBTQ+, en situation de handicap ou de milieux sociaux défavorisés sont acceptés comme ils sont, sans jugement. Détails.

Une colonie de vacances qui met l’inclusion au centre de son projet pédagogique, voilà ce qu’a voulu mettre en place l’association « Toustes en colo ». Ces adolescents, libres d’être eux-mêmes, sont accueillis « quels que soient leur genre, leurs origines, leurs orientations romantiques ou sexuelles, leur religion, leur état de santé, leur physique et leurs opinions », témoignent les trois animateurs.

Une organisation et une parole libérées

Alors que la colonie de vacances est composée d’une dizaine de jeunes, venus se ressourcer dans le Jura, l’équipe « encadrante » est elle composée de cinq personnes, dont la directrice de l’association « Toustes en colo », le directeur adjoint et trois animateurs, tous habitués des séjours de ce type. Loin de la rigidité parfois connue des colonies de vacances traditionnelles, la colo repose sur le principe du « à la carte » où les jeunes établissent leur emploi du temps, de l’heure du repas, aux activités en passant par l’heure de se lever ou de se coucher. Tom, un jeune garçon transsexuel, habitué de l’équipe, avouequ’ils élaborent également « les règles de vie ensemble » et surtout celles sur la sexualité. Une affiche rappelle par exemple les bases du consentement « non = non, inconscient·e = non, oui forcé = non ».

Cette colonie de vacances qui a pour thème les Mondes imaginaires, propose des activités variées, mais n’impose rien aux enfants.  On leur donne la possibilité de faire de la couture, de la peinture, un Cluedo grandeur nature, d’apprendre la valse non-genrée ou de juste « papillonner ». Mais le principe fondamental reste de rompre avec le productivisme habituel des vacances qui veut que « les enfants repartent avec quelque chose, certains sont stressés de revenir en n’ayant rien appris, pleurent de ne pas avoir fini leur projet », témoigne le directeur adjoint. Gaspard, attiré au début par la colonie pour le libre choix des activités, rapporte avoir surtout appris « ce que sont les personnes non binaires et intersexes »grâce aux autres participants avec qui il a échangé.

La colo qui permet « un interapprentissage humain »

Muzett, animatrice de la colonie, confie mettre toute son énergie pour «rendre possible l’expression des jeunes sur toutes les oppressions». Concrètement,dès le début du séjour, la non-mixité des chambres a été proposée mais non-imposée, donnant une liberté de plus aux jeunes. Valentin, garçon transsexuel de 14 ans, témoigne ne pas toujours avoir eu la possibilité de choisir avec qui il pouvait dormir dans ses anciennes colos, à son grand regret «Là, c’est mixte, c’est très bien, et je suis libre d’être moi-même Noé, 17 ans, explique avoir apprécié qu'on lui laisse pour une fois le choix «je ne serais pas là s’il n’y avait d’effort fait pour les personnes trans, je le vis déjà assez le reste de l’année.»

Ici la tolérance, la bienveillance et le respect de l’autre sont de mise, alors que les débats agitent les repas et que les discussions permettent aux jeunes de se confier.Harcèlement, violences, homophobie, misogynie, mais aussi politiques en tous genres sont abordés par les jeunes adolescents, témoigne Libération. « On oublie parfois qu’ils sont des enfants. A quel point porter le stigmate très tôt te pousse à te politiser ? », avoue la directrice de la colonie. Alors que l’association prône également la mixité sociale dans sa colonie, en accueillant des jeunes issus de familles avec des faibles revenus, venant de foyer ou touchant le RSA, la directrice aimerait encore baisser les coûts de cette colo qui coûte 880 à 980€ pour les deux semaines, avec des possibilités d’aides. Le jeune Tom retiendra seulement de sa colo qu’ici « on se confronte à plein de personnes différentes», dans un « cadre presque familial qui, pour certains d’entre [eux], fait du bien » et où certains avouent même s’y sentir plus à l’aise que chez eux… et ont déjà hâte de revenir l’année prochaine.

En vidéo : Enquête : une colonie de vacances inclusive et bienveillante pour les ados