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En période d'allergie, les orages peuvent favoriser les pics d'asthme

Publié le par Alexandra Bresson

Des augmentations de crises d’asthme ont été épisodiquement décrites dans plusieurs pays pendant des périodes d’émission de pollens, en particulier suite à un orage. Ces phénomènes sont peu documentés en France mais l'un d'entre eux survenu à Nantes a particulièrement attiré l'attention de chercheurs français, qui mettent en garde les personnes allergiques aux pollens.

Il existe de nombreux facteurs déclenchants de crises d'asthme, que les patients doivent savoir identifier : des allergènes à l'intérieur et à l'extérieur des habitations (acariens, animaux domestiques, moisissures, pollution), le tabac, des produits chimiques irritants... D'autres facteurs peuvent également être cités comme l'air froid, des émotions intenses, l'exercice physique mais aussi certains pollens, déjà à l'origine de la rhinite allergique. Des chercheurs français ont constaté que si les périodes de « rhume des foins » ne s’accompagnent pas d’augmentation significative des consultations pour crises d’asthme, la survenue concomitante d’orages constitue une circonstance favorisante.

Ces derniers citent l'exemple d’un épisode de pic d’asthme suite à un orage survenu à Londres en 1994 qui a conduit pour la première fois à la parution d'études sur le sujet, puis à Melbourne (Australie) au cours du printemps austral de 2016, où neuf personnes sont décédées. Ils se sont intéressés à un événement du même genre survenu en France, à Nantes, le vendredi 7 juin 2013. Ce jour-là, une augmentation brutale des appels à SOS Médecins Nantes pour crises d’asthme a été observée à partir de 21 heures, suivie d’un pic à minuit. « Du 7 au 10 juin, 152 appels pour crises d’asthme ont été enregistrés, soit 38 patients en moyenne par jour contre 6 au cours du mois de mai 2013 », notent-ils.

Une augmentation brutale des appels à SOS Médecins pendant un orage

En examinant en parallèle la situation pollinique, météorologique et environnementale au niveau local, les chercheurs ont constaté qu'à partir du 1er juin 2013, la concentration de pollen de graminées a commencé à augmenter sur la ville de Nantes, pour atteindre un pic le 6 juin. Au cours de cette même semaine, cinq autres espèces de graminées étaient également en émission (fromental élevé, vulpin des prés, ouve odorante, dactyle aggloméré et houlque laineuse). Par ailleurs, un orage a éclaté en début de soirée du 7 juin, accompagné d’une augmentation de la vitesse moyenne du vent. Enfin, un premier pic de précipitations a été observé ce jour-là à 19 heures, suivi d’un second pic à 22 heures.

Or, les chercheurs ont constaté que « les appels pour crises d’asthme ont connu une évolution en deux temps, avec un début à 21 heures et un pic à minuit. Un délai de 2 heures a ainsi été enregistré entre le pic de précipitations et le pic des appels. » De quoi affirmer selon eux, qu'il existe bien une « relation temporelle » entre l’augmentation de crises d’asthme et la survenue d’un orage en période de pollinisation de graminées. Au cours de la journée du 8 juin 2013 à Nantes, le nombre d’appels à SOS Médecins pour cette raison a connu un pic, avec 70 consultations touchant significativement plus fréquemment les 10-39 ans. C'est la première fois qu'un tel phénomène est décrit en France.

Trois facteurs : le pollen, le vent, la pluie

Les épisodes survenus au Royaume-Uni et en Australie avaient déjà permis de constater que dans la plupart des cas, les personnes touchées n’avaient pas d’antécédents connus d’asthme. En examinant l'ensemble de ces cas, il a été possible d'établir la combinaison de facteurs météorologiques mis en cause : des pluies importantes, des charges électriques dans l’atmosphère liées à l’orage et des rafales de vent. « Le mécanisme met en jeu une micronisation des grains de pollen par choc osmotique, possiblement majorée par les champs électriques, entraînant une libération de particules allergéniques de très petite taille. Les rafales de vents contribuent à diffuser ces particules », expliquent les auteurs.

De fait, des quantités importantes de particules allergéniques peuvent pénétrer dans les bronches et entraîner un rétrécissement des voies respiratoires (bronchospasme) en moins d’une heure. Même si ce phénomène reste peu fréquent en France, les chercheurs mettent en garde contre « sa brutalité » qui peut conduire à une saturation rapide des hôpitaux. Ces derniers recommandent également aux personnes allergiques de rester à l’intérieur avec les fenêtres fermées à l’approche d’un orage pendant les périodes d’émission de pollens. Les sites de référence, Pollinariums Sentinelles et le RNSA, qui diffusent des alertes polliniques, devraient par ailleurs intégrer ce message dans leurs recommandations de prévention.

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