Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Ecole à distance : les parents en sont-ils satisfaits ?

Publié le par Alexandra Bresson

Alors que le déconfinement se profile et que la question de rouvrir les écoles fait débat depuis plusieurs jours, l’association “Break Poverty” a souhaité connaître l'opinion des parents en ce qui concerne l'école à distance. Son sondage, mené par l'Ifop, rappelle que cette expérience inédite est surtout permise par l’accès des foyers français aux outils numériques, et que le nombre d'élèves « décrocheurs » n’est pas si élevé.

Nécessité sanitaire pendant le confinement, l’école à distance suscite interrogations et débats, car accusée notamment par ses détracteurs d’aggraver les inégalités sociales. A l’heure où la décision du gouvernement de rouvrir les écoles le 11 mai, liée justement à ce paramètre, est âprement discutée, l’association “Break Poverty” s'est intéressée au dispositif « Ma classe à la maison »*, et a missionné l'institut de sondage Ifop pour réaliser une étude sur ce sujet. L'enquête, réalisée auprès de 801 parents ayant au moins un enfant scolarisé à l’école primaire, au collège ou au lycée, montre que l’école à distance fonctionne, du moins aux yeux des parents, de façon plutôt satisfaisante.

Le premier enseignement de l'étude montre en effet que l’école à distance suscite la satisfaction de trois quarts des parents ayant au moins un enfant scolarisé (75%), même s'ils ne sont que 17% à s’en déclarer très satisfaits. Assez logiquement, c’est parmi les foyers qui ne disposent pas d’une connexion internet qui fonctionne correctement (11% des foyers sondés) ou d’un ordinateur (10%) que le niveau d’insatisfaction est le plus marqué. L’absence d’ordinateur semble à la fois imputable à des raisons économiques et générationnelles : les parents âgés de moins de 35 ans (16%) et ceux appartenant aux catégories pauvres (16%) sont plus nombreux à indiquer ne pas être équipés.

Près d’un enfant sur dix est « sorti des radars » de l’Education nationale

Enfin, près d’un quart des parents indiquent que leur enfant n’a pas accès une imprimante (22%) ou un téléphone mobile (23%), et ils sont un tiers à indiquer qu’ils ne bénéficient pas d’une pièce séparée avec un bureau (35%). En ce qui concerne les cours en eux-mêmes, le sondage indique que 8% des parents ont fait savoir que leur enfant n’a jamais été en contact avec un enseignant, les foyers sans ordinateur ou internet étant les plus concernés (26% et 24%). A l’inverse, 86% des parents indiquent que leur enfant est en contact avec un enseignant au moins hebdomadairement, dont 39% tous les jours. L'étude s'est plus particulièrement intéressée à la proportion d’élèves « décrocheurs ».

Il s'agit de la catégorie d'élèves qui consacre moins de 30 minutes par jour à l’école, selon les dires des parents. Celle-ci serait minoritaire (6%), mais la proportion de « décrocheurs purs » (moins de 30 minutes par jour d'école) est de 12% parmi les catégories « pauvres », contre seulement 3% parmi les foyers aisés. Par ailleurs, 15% des parents indiquent que leur enfant consacre entre 30 minutes et une heure, mais sur ce point les auteurs disent observer un « clivage socio-économique majeur » : si seulement 8% des parents appartenant aux catégories aisées expliquent que leur enfant consacre une heure ou moins par jour, cette proportion concerne un tiers des foyers « pauvres » (33%).

Le risque de « décrochage scolaire » suscite l’inquiétude d’un parent sur deux

Sur l’ensemble de la population sondée, 28% des parents indiquent que leur enfant consacre entre 1 heure et 2 heures, 35% entre 2 heures et 4 heures et 16% plus de 4 heures par jour. Outre les cours via les enseignants, 76% des parents se sentent capables d’accompagner la scolarité de leur enfant pendant le confinement (26% « tout à fait »). Les craintes autour de difficultés scolaires concernent néanmoins un parent sur deux : 48% des sondés sont inquiets que leur enfant subisse un décrochage scolaire ou soit pénalisé dans son orientation scolaire. Enfin, près d’un parent sur deux s’inquiète que son enfant souffre de son manque d’activité physique (51%) ou soit affecté psychologiquement (44%).

A noter que sur ces sujets, les parents appartenant aux « catégories pauvres » expriment des niveaux d’inquiétude significativement plus élevés que ceux appartenant aux catégories aisées. « Les résultats de l'enquête mettent en lumière la surreprésentation des foyers les plus pauvres parmi les « décrocheurs. A cet égard, ils confirment les craintes exprimées par une partie du corps enseignant concernant le risque d’une aggravation des inégalités sociales. », concluent les auteurs de l'étude. Reste que le plus haut niveau d’inquiétude exprimé par tous les parents via celui-ci concerne le risque de contamination : 64% d'entre eux se disent inquiets à l’idée que leur enfant attrape le Covid-19.

*La continuité pédagogique a pris forme à travers le dispositif « Ma classe à la maison » : une plateforme numérique mise à disposition par le Centre national des études à distance (Cned) qui permet aux élèves de poursuivre leur scolarité depuis leur domicile, et de maintenir un contact avec leurs professeurs.

Sujets associés