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Dépression post-partum : les difficultés d'allaitement ne doivent pas être négligées

Publié le par Alexandra Bresson

Dans la revue ‘The Conversation’, une médecin évoque le cas des nouvelles mamans pour qui le rêve d’un allaitement paisible est loin de la réalité. Celle-ci affirme avoir remarqué que ces dernières ressentent beaucoup de pression pour allaiter, et lorsqu'elles ont de la difficulté à le faire, elles se sentent inadéquates et courent plus de risques de dépression post-partum.

Il est fréquent qu'après la naissance de son enfant, la maman présente des émotions vives marquées par de la tristesse et des pleurs incontrôlés : c'est le baby-blues, qui passe rapidement. Mais certaines femmes présentent des troubles de l'humeur persistants, et une dépression du post-partum s'installe. Comme l'explique l'Inserm, plusieurs facteurs accroissent ce risque : se sentir seule, avoir des difficultés financières ou des antécédents de dépression. « Cet état peut peser sur la relation précoce entre la mère et son enfant, voire menacer la bonne santé et la sécurité du nourrisson (difficultés à s’intéresser à l’enfant ou à s’en occuper). Une prise en charge rapide s’impose. », explique l'organisme.

Mais le Pr Stephanie Liu, de l'université d'Alberta et cofondatrice du site lifeofdrmom.com, explique dans la revue The Conversation qu'une autre situation peut favoriser une dépression post-partum : une difficulté à allaiter. En effet, l'allaitement maternel est considéré comme le moyen idéal d’apporter aux nourrissons tous les nutriments dont ils ont besoin pour se développer en bonne santé, c'est pourquoi l'OMS le considère comme « le mode d’alimentation optimal du nourrisson ». Mais le médecin précise que les spécialistes sont trop concentrés sur les aspects physiologiques de l'allaitement chez les femmes qui ont des difficultés, et ne réalisent pas l'impact psychologique que cela produit.

Ne pas hésiter à demander de l'aide

C'est d'ailleurs sa propre expérience dans ce domaine qui a conduit le Pr Liu à changer sa façon d'interagir avec des patientes concernées. « Plutôt que de tenter initialement de dépister des causes physiques aux difficultés de l'allaitement, je pose maintenant la question suivante : 'Est-ce que les difficultés que vous éprouvez à allaiter vous affectent et si oui, comment?' Je pose cette question parce que, en tant que mère, je me suis sentie inadaptée quand je n’ai pas pu allaiter. Mais j'avais trop honte pour en parler. » Depuis que le médecin pose cette question, certaines patientes lui avouent plus facilement qu'elles craignent de présenter des symptômes d'une dépression post-partum.

La raison ? Ces dernières se considèrent à tort comme de mauvaises mères parce qu'elles ne peuvent pas allaiter. Ainsi, une vaste étude menée auprès de plus de 2 500 femmes en 2011 a révélé que celles qui ont vécu des expériences difficiles lorsqu'elles allaitaient étaient plus susceptibles de présenter des symptômes de dépression : les chercheurs ont constaté que, en comparaison avec les femmes ne présentant aucun signe précoce de difficulté à allaiter, celles qui éprouvaient des sentiments négatifs à l'égard de l'allaitement et signalaient des douleurs intenses pendant celui-ci peu après la naissance de leur enfant étaient plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs deux mois après l'accouchement.

La médecin évoque une autre étude publiée en 2015 qui démontrait que l'effet de l'allaitement maternel sur la santé mentale post-partum différait selon que la femme avait prévu ou non d'allaiter son enfant. Il se trouve que celles qui en avaient l'intention mais qui étaient incapables de le faire présentaient des taux plus élevés de dépression post-partum. « En tant que médecin de famille, je sais que le lait maternel est le meilleur choix d'alimentation. Mais en tant que mère, je connais les pressions subies par les femmes pour produire du lait chaque fois que leur bébé en a besoin. », conclut le Pr Stephanie Liu. Cette dernière recommande aux femmes concernées de ne pas hésiter à demander de l'aide, car il existe d'autres options sûres pour s'assurer que le bébé soit bien nourri.

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