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Dépression post-partum : des gynécologues appellent à la vigilance

Publié le par Alexandra Bresson

A l’occasion du 8 mars, un syndicat de gynécologues tient à rappeler que pour la santé des femmes et de leurs enfants, la dépression du post-partum doit être considérée comme une question de santé publique. Celle-ci est encore trop peu souvent diagnostiquée à temps, c'est pourquoi ils encouragent l'entourage des mères mais aussi les professionnels de santé à faire preuve de plus d'écoute pour une meilleure prise en charge.

Le post-partum est une période où des difficultés maternelles peuvent survenir, et le baby blues et la dépression du post-partum en sont les manifestations les plus courantes. Cette dernière est le trouble psychiatrique post-natal le plus fréquent et concerne 10 à 15 % des mères selon l'Inpes*. Son diagnostic repose sur les critères d’un épisode dépressif majeur, avec comme spécificité une apparition des symptômes dans les 4 à 6 semaines suivant l’accouchement. A l'occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français tient à faire savoir que ce type de dépression est à prendre très au sérieux car elle n'est pas dénuée de risque.

En effet, derrière ce passage à vide peut se cacher une véritable dépression qui n’est pas dénuée de conséquences pour la mère et pour l’enfant. Si la grossesse est qualifiée d’heureux événement, il ne faut pas oublier qu'elle peut également faire réapparaître une maladie psychiatrique préexistante, pas forcément dépistée auparavant, ou favoriser l’émergence de troubles psychiques comme la dépression du post-partum. « Souvent tus par les mères, pas assez écoutées, souvent ignorés par les professionnels de santé, les troubles de l’humeur et le sentiment de vulnérabilité accrue de la mère sont dans tous les cas des signes d’alerte d’un mal dont l’incidence est négligée. », explique le CNGOF.

Des conséquences trop souvent négligées

La période post-accouchement réclame une extrême vigilance car ces troubles peuvent mener au suicide, première cause de mortalité maternelle. Selon ces experts, le risque est 70 fois plus élevé dans l’année qui suit un accouchement qu’à tout autre moment de la vie d’une femme. La santé future de l'enfant est aussi en jeu car outre des troubles d’interaction mère-enfant qui peuvent provoquer des retards de développement cognitif, une dépression maternelle peut en favoriser une chez l'enfant plus tard dans sa vie. S'il existe bien une vingtaine d’unités d’hospitalisation conjointe mère-enfant en France, l’essentiel des dépressions du post-partum reste sous-diagnostiqué selon le syndicat.

Une situation qui s'explique en partie par le fait qu'il ne faut pas confondre la dépression du post-partum et le baby blues, caractérisé par des symptômes (crises de larmes, sautes d’humeur, bouffées d’anxiété...) apparaissant entre le 3e et le 5e jour après la naissance et disparaissant vers le 9e ou 10e jour. Détectée et accompagnée précocement, la dépression du post-partum se traite, mais elle peut également passer inaperçue. Car « par honte, les mères osent rarement en parler, le cachant parfois même à leurs plus proches pour s’effondrer en larmes une fois seule. Quant aux soignants, il leur faut apprendre à tendre l’oreille pour être à l’écoute de tous les signes de fragilité. », souligne le CNGOF.

Une faible estime de soi, des événements de vie stressants, un isolement, des difficultés conjugales, une fatigue liée à l’arrivée de l’enfant et le stress post-traumatique lié à l'accouchement représentent les causes les plus fréquentes. Autant de facteur de risque qu'il est possible de repérer en amont et ce à un moment clé selon le syndicat : lors de l’entretien prénatal à 4 mois de grossesse. « Il faut que toutes les maternités prévoient cet espace d’écoute, de discussion, pour repérer les fragilités. », affirment les experts. Ces derniers recommandent aussi de considérer l'examen post-partum (6 semaines après l’accouchement) comme une autre occasion de vérifier comment se passe le vécu psychique de la mère.

*L’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé

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