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Coronavirus : pourquoi certains d’entre nous ont-ils du mal à appliquer les gestes barrières ?

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs suisses affirment qu'il existe, d'un point de vue psychosocial, une raison pour laquelle certaines personnes n'adoptent pas le port du masque et la distanciation sociale face à la COVID-19. Une découverte qui pourrait permettre de fournir des pistes pour des messages de prévention plus efficaces à destination de la population.

 

Mieux comprendre le comportement humain lorsqu’il s’agit de contribuer positivement à une collectivité permet de développer des mesures et messages plus adéquats en termes de prévention. C'est ce que des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) ont appelé une « démarche de modélisation du comportement » dans leur étude publiée dans la revue “Applied Psychology : Health and Well Being”. Son but : comprendre l’influence du comportement des autres sur les prises de décision individuelle, soit le « dilemme social ». C’est lors de l’annonce de l’entrée en semi-confinement en Suisse le 13 mars qu'ils ont décidé d’apporter leur expertise à la crise sanitaire de la COVID-19.

Les psychologues se sont tournés vers le Royaume-Uni, qui contrairement à la Suisse, n’était pas encore entré en confinement en mars. Ce choix a permis d’analyser les comportements en amont de l’entrée en vigueur des mesures officielles, pour se concentrer sur les premières phases déterminantes du comportement. Un échantillon représentatif de 1 006 Britanniques a servi de base à l’étude. Celle-ci comprenait une série de questions portant sur le suivi de l’adoption des gestes barrières recommandés par les autorités sanitaires locales. Les chercheurs ont notamment mesuré des variables comme la vulnérabilité et la gravité perçue de toutes ces personnes face à la COVID-19.

Le comportement des autres : une source de dilemme social

Les psychologues ont constaté que les gestes barrières étaient adoptés par une grande partie de la population. La raison ? « Informer de la présence d’un danger suffit à provoquer un changement massif de comportement. On l’a vu dans d’autres situations tragiques, comme la pandémie du SIDA. Des résistants existent malgré tout », précise le Pr Olivier Desrichard, co-auteur de l’étude. Ils ont aussi découvert que leurs résultats contredisent les rumeurs prétendant que certaines populations, comme les jeunes, sont moins respectueuses des consignes car le niveau d’éducation, l’environnement familial, l’âge et le nombre de cas déclarés dans la région n’influençaient pas les comportements.

Les participants à l'étude devaient aussi se prononcer sur leur degré d'adhésion à cette phrase : « Si personne ne le fait, pourquoi serais-je le seul à faire l’effort ? » Plus ces derniers se montraient d’accord avec cette question, moins ils avaient tendance à adopter les gestes barrières. Enfin, les scientifiques ont découvert qu'un autre facteur influence négativement l'adoption des gestes barrières : le sentiment que sa propre contribution ne sert à rien par rapport à l’ampleur du danger. « L’étude met en avant le fait que plus les participants ont des contacts sociaux, comme les rapports professionnels, plus ils se sentent vulnérables, sans que cela stimule pour autant leur adoption des bons gestes. », notent-ils.

Or, ces profils psychosociaux identifiés dans cette étude fournissent des pistes pour des messages de prévention plus efficaces. En effet, ces résultats basés sur une approche psychosociale permettent d'en savoir plus sur la façon de communiquer sur la COVID-19 : il ne faut pas se focaliser uniquement sur la dangerosité du virus et le respect des consignes. « Il est important de connaître les vrais déterminants des comportements avant d’entamer une action de prévention pour ne pas passer à côté du but. La plupart des personnes interrogées étaient déjà convaincues de l’importance de respecter les recommandations. Ce type de messages n’influence donc pas leur comportement.», concluent les chercheurs.

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