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Congés suite à la perte d’un enfant : un père endeuillé publie une lettre ouverte aux députés LREM

Publié le par Hélène Bour

Après le couac des députés de la majorité concernant l’allongement de 5 à 12 jours du congé parental suite à la perte d’un enfant, un père de famille endeuillé a tenu à leur adresser une lettre ouverte. Extraits.

Il y a une semaine, l’Assemblée nationale était sous le feu des projecteurs pour avoir rejeté un amendement visant à allonger de 5 à 12 jours le congé des parents suite au décès d’un enfant. L’affaire a pris une telle ampleur que les députés de la majorité (LREM), accusés de toutes part d'être inhumains, ont été rappelés à l'ordre par le Président lui-même. Emmanuel Macron est en effet intervenu dès le lendemain du vote, en demandant au gouvernement de “faire preuve d’humanité” sur ce dossier, selon les propos de l’Elysée.

Mais pour Saïd Benmouffok, professeur de philosophie à Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis), lui-même père de famille ayant souffert du décès d’un de ses enfants, le mal est fait. Dans une tribune publiée par nos confrères de “Libération”, le cofondateur du mouvement politique “Place publique” s’exprime en tant que «père d’un d’un petit garçon, Elias, qui a vécu neuf jours » avant de décéder.

« Je vous écris également en tant que citoyen, pour vous demander une chose simple : cessez de vous justifier pour votre vote sur le congé pour deuil parental, et agissez enfin comme vous devez le faire », demande-t-il solennellement aux députés LREM. « Rien n’excusera votre refus de porter de cinq à douze jours la règle légale. Absolument rien. Arrêtez d’improviser des explications contradictoires », ajoute-t-il.

Déplorant les propos récemment tenus par certains pour expliquer ce refus parlementaire, le père de famille estime que « chaque tentative de justification est une honte ajoutée à l’infamie », « une injure supplémentaire faite aux parents endeuillés ».

S’interrogeant sur l’attitude des députés de la majorité et leur conception de la démocratie, la papa du petit Elias estime qu’il n’est pas trop tard pour les députés d’agir, « à condition d’être lucide sur ce qui s’est passé ». Il estime qu’une remise en question des députés La République En Marche est nécessaire, car ce vote « exprime une vision du monde », « celle qui traite l’humain comme des chiffres », écrit Saïd Benmouffok.

« A sa naissance, mon fils a été transféré dans le service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Trousseau. Des soignants formidables ont tout tenté pour le sauver. Dans notre malheur, sa mère et moi avions la certitude qu’il était entre les meilleures mains du monde. Or depuis des mois, pour des raisons budgétaires, on ferme des lits dans ces services partout en France. Les infirmiers, les aides-soignants, les médecins ne comptent plus leurs heures. Faute de place, des enfants en danger de mort sont transférés à des centaines de kilomètres de chez eux », déplore ce père de famille, qui estime le gouvernement actuel responsable de cette situation dramatique.

Ajoutant que les parents endeuillés n’ont pas besoin de la compassion des députés, le père endeuillé estime qu’il « n’est pas nécessaire d’avoir perdu un enfant pour comprendre que la vie humaine n’a pas de prix », et que la question n’est pas de choisir entre 5 ou 12 jours de congé, mais de choisir « entre l’humain et les chiffres ».

Et le professeur de philosophie de conclure que « c’est en perdant de vue ce principe qu’une politique s’éloigne de l’humanité. Voici pour vous un chemin. Aurez-vous enfin le courage de l’emprunter ? »

Source : Libération

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