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Congé paternité : il réduit le risque de dépression post-partum... chez les pères !

Publié le par Marion Bellal

Fait peu connu, la dépression post-partum peut aussi toucher les pères. Bonne nouvelle, d'après une étude de l'Inserm, prendre son congé paternité réduirait les risques d'en souffrir. 

Si 17 % des mamans en bonne santé développent une dépression post-partum au cours de l'année suivant la naissance de leur enfant, 10 % des pères sont aussi susceptibles d'en souffrir. Selon Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (Colombes) et chercheuse, interviewée par Le Monde, chez les pères, la dépression post-partum s'illustre moins par de la tristesse que de la colère, de l'irritabilité, voire des conduites à risques, de consommation d'alcool et de produits illicites.

En revanche, les causes accentuant les risques de souffrir d'une dépression post-partum sont similaires chez les mères et les pères. Les plus fréquentes sont : la précarité, des antécédents psychiatriques, une grossesse difficile, un accouchement traumatique, le manque de sommeil à la naissance du nourrisson... Toutefois, la santé mentale du père pèse sur celle de la mère et sur le développement du nouveau-né.

Dépression post-partum : l'importance du congé paternité

D'après une étude de l'Inserm, publiée le 4 janvier et réalisée à partir des données de la cohorte Elfe, rassemblant 10 000 couples hétérosexuels dont les enfants sont nés en 2011, la prise du congé paternité réduit les risques, chez les pères, de souffrir d'une dépression post-partum. Deux mois après la naissance de leur enfant, plus de 64 % des pères sondés avaient déjà pris leur congé paternité, 17 % avaient l’intention d’en prendre un et près de 19 % n’en avaient pas pris et ne projetaient pas d’en prendre.

Or, 4,5 % des pères ayant pris un congé paternité avant le troisième mois et 4,8 % de ceux ayant l’intention de l’utiliser entre le troisième et le sixième mois présentaient une dépression post-partum, contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé. Notons qu'en 2011, la durée du congé paternité était de quatorze jours, et qu'il a été prolongé à vingt-huit jours au 1er juillet 2021.

Accroître la participation des pères à la sphère familiale

Plus étonnant, la tendance inverse a été observée chez les mères : 16,1 % des mères dont le partenaire a utilisé son congé paternité présentaient une dépression post-partum, contre 15,1 % de celles dont le partenaire avait l’intention d’utiliser le congé paternité, et 15,3 % de celles dont le partenaire n’avait pas pris de congé paternité. Cette information contre-intuitive peut s'expliquer, indique Maria Melchior, directrice de recherche à l'Inserm, par le fait que le partenaire est plus susceptible de prendre son congé paternité si la mère est déjà en souffrance. « En effet, même si nous avons pris en compte de nombreux facteurs de confusion possibles, nous n’avons pas pu évaluer suffisamment la préexistence de troubles dépressifs en dehors d’une autre grossesse chez les mères. Il est ainsi possible que les pères dont la compagne est plus à risque de dépression, prennent plus volontiers un congé paternité »précise la chercheuse. 

« Nos résultats soulignent cependant l’importance que peuvent avoir les politiques familiales ciblées sur les pères en matière de santé mentale des parents, car elles peuvent faire progresser l’égalité des sexes sur le marché du travail et accroître la participation des pères à la sphère familiale », insiste Maria Melchior. L'Inserm prévoit de poursuivre ses recherches sur le sujet à partir des données de la cohorte Constances, un échantillon de 200 000 adultes, dont certains ont pu bénéficier du congé paternité allongé à vingt-huit jours, afin de comparer les résultats en fonction de la durée du congé.