Le congé paternité fête cette année, en France, ses 20 ans. Initialement d'une durée de onze jours, il a été allongé à vingt-cinq jours calendaires en juillet 2021. La chaire Diversité et Inclusion de l’EDHEC, une école de commerce, s'est donc intéressée à la réception et l'usage de ce dispositif depuis 2002 et aux attentes des parents.
Parmi les 784 répondants à l'enquête, publiée le 28 novembre 2022, sont sur-représentés les cadres (75 %), les personnes fortement diplômées (77 % ont, au minimum, un bac+5) et les personnes en emploi (92 %). Les résultats révèlent donc majoritairement les attentes de cette catégorie – cadres diplômés et actuellement employés – de la population française.
Congé paternité : plus les revenus sont élevés, moins les pères y recourent
Si près de 75 % des hommes sondés ayant des enfants ont pris leur congé paternité, il apparaît que plus les pères sont jeunes, plus ils sont plus susceptibles de le réclame. Et plus leurs revenus sont élevés, moins ils y ont recours. L'indemnisation de l'Assurance maladie est alors jugée insuffisante face à ces plus hauts revenus et ces emplois mieux rémunérés sont liés à une charge de travail importante, ce qui freine la prise du congé paternité.
En effet, parmi les répondants n'ayant pas utilisé leur congé paternité, 28 % évoquent un rythme de travail trop soutenu, et 16 % le refus de faire face à une baisse de salaire. De plus, les stéréotypes de genre sont, aussi, encore bien présents, puisque 10 % pensent que le congé paternité n'est pas utile et que le soin du nourrisson relève de la responsabilité maternelle.
Un renforcement nécessaire du congé paternité ?
Toutefois, ces poncifs, concernant les rôles traditionnels familiaux genrés, semblent être de moins en moins répondus. En effet, 9 personnes sur 10 aimeraient, à l'inverse, un renforcement du congé paternité. Et ce, sous divers dispositifs :
- 36 % d'entre eux proposent que le congé paternité devienne entièrement obligatoire ;
- 33 % penchent pour un allongement de la durée ;
- 16 % aimeraient une meilleure indemnisation.
Le recours au congé paternité est, selon de nombreuses études, bénéfique pour la sphère familiale. Il permet une meilleure répartition des tâches parentales et des responsabilités, il donne un temps d'apprentissage des compétences parentales, mais il réduit également les conséquences psychologiques négatives à la suite de l'accouchement, notamment les risques de dépression post-partum, et il participe à la création et au renforcement du lien père - enfant. En outre, 80 % des répondants ont répondu que le congé paternité participe à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.