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Confinement : pourquoi l'utilisation des sprays et diffuseurs avec huiles essentielles est à éviter

Publié le par Alexandra Bresson

Décrits comme des produits aux vertus « assainissantes » ou encore « épuratrices » d’air, les sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles sont de plus en plus présents dans les foyers. Leur utilisation pourrait être plus fréquente en cette période de pandémie mais l'Anses appelle à la vigilance. Une étude conduite par celle-ci révèle qu'ils exposent les utilisateurs à des effets indésirables et même à un risque d'intoxication, de nombreux cas étant signalés aux Centres antipoison ces dernières semaines.

Dans le cadre de la crise sanitaire liée au COVID-19, l’Anses et le réseau des Centres antipoison suivent les appels pour un motif associé au coronavirus. Ce recensement visait à identifier les situations à risque afin d’émettre des recommandations, et comme le faisait savoir l'agence début avril, plusieurs origines de situations à risque ont été identifiées notamment l’utilisation des huiles essentielles. Diverses circonstances à risque ont été identifiées : auto-médication par utilisation par voie orale pour « renforcer les défenses naturelles », pulvérisation pour « assainir un espace clos » par une personne à risque (asthmatique), ou encore utilisation inappropriée pour désinfecter un masque chirurgical.

Dans la continuité de cette annonce, l'Anses a été saisie pour examiner ces cas signalés d’intoxication avec des sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles, et publie un rapport qui permet d'en savoir plus sur les potentiels effets néfastes de ces produits. Leur analyse révèle que la grande majorité s'avèrent être des symptômes irritatifs des yeux, des voies aériennes supérieures (bouche, nez, gorge, larynx, trachée), de la toux et des difficultés respiratoires. « Ces irritations peuvent être liées à des huiles essentielles riches en phénols ou en cétones, irritantes pour les voies respiratoires et inadaptées à l’inhalation ou à leurs diffusions par un spray ou un diffuseur. », indique l'agence.

Un risque lié à une exposition simultanée aux polluants en intérieur

Celle-ci fait néanmoins savoir que ces symptômes sont en grande majorité de faible gravité et régressent après arrêt de l’exposition. Le deuxième risque concerne le fait que les sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles émettent dans l’air différents composés organiques volatils (COV). Si certains sont d’origine naturelle, ils peuvent néanmoins présenter des propriétés irritantes ou sensibilisantes. D'autant que d'après ses experts, « certains des COV sont susceptibles de s’oxyder, notamment avec l’ozone présent naturellement dans l’air. » Les sprays et diffuseurs peuvent ainsi représenter une source de pollution de l’air intérieur, mais aussi en constituer une supplémentaire.

Car les composés organiques volatils qu'ils génèrent viennent s’ajouter à ceux déjà présents dans l’air intérieur et qui proviennent d'autres sources multiples : produits de bricolage, de décoration, meubles, peintures, produits d’entretiens, cosmétiques ou même cigarettes. « Cependant, les études disponibles sont insuffisantes pour permettre de documenter de façon exhaustive le spectre des substances émises à partir de tels produits.», indique l'Anses, qui plaide pour que d'autres études soient menées afin de « mieux caractériser les émissions à long terme de composés organiques, ainsi que la formation secondaire d’autres composés suite à des phénomènes d’oxydation dans l’air. »

A conserver hors de portée des enfants, plus à risque d'intoxications

Toujours est-il que des mesures de précaution s'imposent à commencer par conserver les sprays ou diffuseurs, les flacons à base d’huiles essentielles hors de portée des enfants, à l'instar des détergents ou des médicaments. En effet, « l’étude de toxicovigilance a montré que de nombreux cas d’intoxication étaient liés à des circonstances d’exposition accidentelles qui concernaient le plus souvent de jeunes enfants, étant plus susceptibles de porter des produits à la bouche. », souligne-t-elle. De façon générale, pour prévenir les risques liés à une mauvaise qualité de l’air intérieur, il convient de veiller à limiter les sources de polluants intérieurs et d'aérer quotidiennement les espaces clos.

Dans son précédent point d'informations, l'Anses rappelait l'importance de respecter les précautions d’utilisation des huiles essentielles (voie d’administration, dose, zone d’application…) et déconseillait leur usage chez les personnes souffrant d’affections respiratoires telle que l'asthme, et les femmes enceintes. Cette fois, elle appelle les pouvoirs publics à mieux informer tous les consommateurs sur les précautions d’utilisation de sprays ou diffuseurs et souhaite engager de « nouvelles études pour mieux caractériser leurs effets respiratoires ou cutanés, à court et long terme. » Ce qui est en revanche sûr selon elle, c'est que les huiles essentielles ne constituent pas un moyen de lutte contre le coronavirus.

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