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Comment se passe l'entrée dans la sexualité des étudiants français ?

Publié le par Alexandra Bresson

Age du premier rapport, recours à la contraception, infections sexuellement transmissibles... une étude de l'Ined s'intéresse aux conditions d'entrée dans la sexualité des étudiants et étudiantes en France. Les résultats indiquent notamment que plusieurs facteurs entrent en jeu dans les pratiques préventives dans ce domaine comme le revenu des parents.

À l’entrée dans les études supérieures, une large part des étudiants n’a pas encore vécu son premier rapport sexuel, faisant de cette population une cible privilégiée en termes de prévention mais aussi d’information sur le consentement. Tel est le constat dressé par l'Ined* dans sa dernière étude portant sur l'entrée dans la sexualité et les pratiques préventives des étudiant(e)s, réalisée avec les données de l’Enquête santé des étudiants (ESE 2016). L'organisme fait ainsi savoir que le temps des études est une étape importante de transition dans la vie amoureuse des jeunes. Alors qu’à 17 ans, la moitié des étudiant(e)s inscrits à l’université n’a jamais eu de rapport sexuel, ils ne sont plus qu’un quart à 22 ans.

Lors de l'enquête, les étudiants ont été interrogés sur le caractère « souhaité/pas vraiment souhaité /forcé » de leur premier rapport. Il s'avère que la proportion de premiers rapports « acceptés mais pas vraiment souhaités » ou « forcés » est deux fois plus élevée chez les étudiantes que chez les étudiants, et d’autant plus lorsque le rapport survient tôt. « Si l’origine sociale pèse peu sur le consentement, l’effet de la nationalité est plus marqué. Les premiers rapports « pas vraiment souhaités » ou « forcés » atteignent 23 % chez les étudiantes étrangères et 14 % chez les étudiants étrangers », note l'Ined qui observe une corrélation entre les conditions d’entrée dans la sexualité et les pratiques préventives.

Des pratiques préventives liées aux conditions d’entrée dans la sexualité

Les auteurs de l'étude ont en effet constaté d'une part que la précocité du premier rapport va de pair avec une moindre utilisation du préservatif, particulièrement marquée chez les hommes. D’autre part, les comportements à risque sont corrélés au degré de « souhait » du premier rapport sexuel de la personne. Alors que 16 % des étudiantes et 20 % des étudiants dont le premier rapport était « souhaité à ce moment-là » disent ne pas avoir utilisé de préservatif, ces proportions atteignent respectivement 26 % et 41 % lorsque le premier rapport n’était pas vraiment souhaité, voire contraint. Par ailleurs, les comportements préventifs varient assez sensiblement selon le milieu social.

En effet, l'étude montre que 29 % des étudiants issus des familles les plus modestes (dont les revenus des parents sont inférieurs à 1 500 € par mois) n’ont pas utilisé de préservatif, contre 19 % parmi ceux dont les revenus parentaux mensuels dépassent 3 500 €. « Les écarts sont également marqués chez les étudiantes (24 % contre 13 %). Par ailleurs, les étudiants étrangers sont deux fois plus nombreux que les étudiants français à ne pas avoir eu recours au préservatif lors de leur premier rapport.», précisent les auteurs. La contraception est également une autre pratique préventive examinée dans l'étude mais dans ce domaine, les préoccupations semblent différer selon le sexe.

Charge mentale des femmes : la contraception aussi

Car bien que les étudiants fassent moins souvent état que les étudiantes de pratiques préventives lors du premier rapport (usage du préservatif, avoir fait quelque chose pour éviter une grossesse), ils sont aussi moins nombreux à déclarer avoir déjà eu une IST (9 % versus 13 %). Une situation qui s'explique selon l'Ined par un « défaut de dépistage chez les hommes qui ne bénéficient pas d’un suivi médical comparable au suivi gynécologique des femmes. » L'organisme se prononce pour encourager de manière plus systématique et précoce les jeunes au dépistage car il s'agit selon lui « d'un levier clé afin d’éviter la contamination entre partenaires et le développement silencieux de complications. »

Enfin, les étudiants font un peu moins souvent part d’une grossesse non désirée que les étudiantes (6 % versus 8 %), mais cette différence s'explique par le fait que ces dernières n’ont pas nécessairement informé le géniteur. Pour l'Ined, « ces différences entre sexes révèlent la persistance d’une spécialisation des rôles qui fait reposer sur les femmes plus que sur les hommes les préoccupations relatives à la santé sexuelle et reproductive. » Les auteurs concluent donc leur étude en rappelant que la prévention consiste non seulement à promouvoir des comportements sexuels limitant les risques mais aussi à encourager à une plus grande responsabilisation de la part des hommes.

*L'Institut national d'études démographiques

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