Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Comment la dopamine entre en jeu dans le plaisir musical

Publié le par Alexandra Bresson

Dans quelle mesure la transmission dopaminergique joue-t-elle un rôle direct dans l'expérience de récompense induite par l'écoute d'une musique ? Des chercheurs ont mené une étude pour répondre à cette question.

La dopamine est un important neuromédiateur cérébral impliqué dans les contrôles des fonctions motrices, émotionnelles et cognitives. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université de Barcelone révèle un lien de causalité entre cette dernière et les réactions de récompense lors de l'écoute de la musique. Plus précisément, ils se sont demandé si ce neurotransmetteur jouant un rôle majeur dans la régulation des expériences agréables avait une fonction directe dans l'expérience positive induite par la musique. Ils ont pour cela manipulé la transmission dopaminergique de vingt-sept participants qui écoutaient de la musique, et ont montré un lien de causalité entre celle-ci et le plaisir de l'écoute musicale.

« Comprendre comment le cerveau traduit une séquence de sons, telle que la musique, en une expérience agréable est un défi. », expliquent-ils. Au cours des trois séances différentes, séparées par une semaine au moins, les experts ont administré oralement à chaque participant un précurseur de la dopamine (lévodopa, qui augmente la disponibilité de la dopamine), un antagoniste de la dopamine (la rispéridone, pour réduire la signalisation dopaminergique) et un placebo. Puis ils ont mesuré les changements de plaisir et de récompense ressentis en utilisant l'activité électrodermale, une technique utilisée pour évaluer les changements émotionnels, dans ce cas l'impact hédoniste de la musique.

Les participants étaient prêts à dépenser plus d'argent

Lors de chaque session, les participants ont écouté leur chanson préférée en plus de dix autres singles, l'objectif étant d'évaluer le plaisir procuré par chaque chanson de même que la différence de plaisir ressenti d'un morceau à l'autre. Dans l’ensemble, les résultats ont clairement révélé que les interventions pharmacologiques des scientifiques ont bien permis de moduler les réponses à la récompense suscitées par la musique. « La rispéridone, à la différence de la lévodopa, altère la capacité des participants à faire l'expérience de 'frissons', ce qui est considéré comme une manifestation physique de l'expérience de plaisir maximum associée à l'écoute de musique. », ajoutent les chercheurs.

Ainsi, la réponse émotionnelle des participants était plus élevée sous lévodopa et plus faible sous rispéridone et sous placebo. Dans la seconde partie de leur expérience, les chercheurs ont voulu évaluer le plaisir des participants pour chaque chanson d'une autre manière, en leur demandant combien ils étaient prêts à dépenser pour écouter chacune d'entre elles. Les résultats se sont avérés similaires : les participants étaient disposés à dépenser plus d’argent sous lévodopa que sous rispéridone. « Cela indique que les participants étaient plus motivés pour réécouter la musique lorsque la transmission dopaminergique était renforcée que lorsqu'elle était bloquée. », soulignent les chercheurs.

Si ces résultats peuvent paraître anecdotiques, l'équipe scientifique explique en quoi ils ont une importance. « Cette étude montre un rôle causal de la dopamine dans le plaisir et la motivation qui sont liés à l'écoute de la musique : apprécier un morceau, en tirer du plaisir, vouloir l'écouter à nouveau et même être prêt à dépenser de l'argent... tout dépend de la dopamine libérée. Nous ne pouvons pas en conclure que la prise de dopamine augmentera votre plaisir musical. Mais ce que nous pouvons dire c'est qu'en écoutant la musique que vous aimez, votre cerveau libérera plus de dopamine, un neurotransmetteur crucial pour le fonctionnement émotionnel et cognitif de l'Homme. »

Sujets associés