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Comment hommes et femmes se répartissent les tâches domestiques depuis la réforme des 35 heures

Publié le par Alexandra Bresson

Ménage, cuisine, courses... Pour ce qui est du cœur des tâches domestiques que sont les tâches ménagères, l’idéal d’égalité entre les sexes n'est clairement pas d'actualité, malgré la mise en place de la réforme des 35 heures il y a une vingtaine d'années, selon une étude de l'Ined. En effet, si le temps libéré par la réforme est identique, son utilisation diffère entre les hommes et les femmes, ces dernières demeurant responsables des tâches courantes et répétitives.

La réforme des 35 heures a permis aux salariés de se libérer du temps pour s’adonner aux loisirs et trouver le repos. Mais ce temps libre est-il équitablement utilisé par les hommes et les femmes ? Des chercheurs de l'Institut national d'études démographiques (Ined) ont mené une étude pour savoir comment cette mesure avait modifié l’organisation des tâches domestiques hommes et femmes, en termes de durée, de type de tâches réalisées et de répartition entre week-end et semaine. En s'appuyant sur la dernière enquête sur l’emploi du temps des Français (Insee, 2010), ces derniers ont réalisé l’une des rares études permettant d’évaluer les conséquences de cette réforme dans la sphère privée.

Sans surprise, leurs conclusions montrent que le temps libéré par la réforme est identique, mais que son utilisation diffère selon le sexe. « Les femmes restent responsables des tâches ménagères courantes et répétitives tandis que les hommes effectuent des tâches plus flexibles dans le temps, et assouplissent leur emploi du temps. », expliquent les auteurs de l'étude. Ainsi, à caractéristiques égales, les hommes qui sont aux 35 heures consacrent beaucoup plus de temps aux activités domestiques que leurs homologues aux 39 heures (environ 12 minutes de plus par jour). Les jours de semaine, ils passent plus de temps à des tâches telles que le bricolage et le jardinage, les démarches administratives et la garde d’enfants “récréative”.

La répartition des tâches est plus “genrée” le week-end

Pour les femmes, le fait de travailler à 35 heures ne les conduit pas à passer plus de temps aux tâches domestiques, mais à en consacrer davantage à leurs enfants. Qu’elles travaillent à 35 ou 39 heures, elles font très rarement du bricolage (89 % n’en font pas) tandis que la plupart des hommes ne font jamais de repassage (86 %). En revanche, une majorité de femmes font la cuisine, la vaisselle et le ménage quotidiennement. « Contrairement à ces tâches courantes et répétitives effectuées par les femmes, celles effectuées par les hommes sont plus discrétionnaires et leur permettent de mieux réorganiser leur emploi du temps entre semaine et week-end. », notent les chercheurs.

Selon ces derniers, cette utilisation spécifique de la même quantité de temps supplémentaire par les deux sexes montre que la répartition des tâches domestiques n’est pas seulement une question de disponibilité de temps, mais qu’elle est également “genrée”. Comprendre par là que « la réallocation de ce temps correspond aux stéréotypes et normes de genre traditionnels. », précisent les experts. Les comportements des hommes et des femmes pendant les week-ends illustrent bien ce phénomène, avec un surinvestissement dans les tâches stéréotypées (bricolage et jardinage pour les hommes, garde d’enfants pour les femmes) et un sous-investissement pour les hommes dans les travaux ménagers.

Les chercheurs se sont plus précisément posé la question de savoir ce que les femmes qui sont aux 35 heures font de ce temps supplémentaire : elles le consacrent en grande partie aux enfants plutôt qu’aux tâches ménagères. Un résultat conforme à la tendance croissante à consacrer plus de temps aux activités parentales au fil du temps qui, selon les experts, a été observée dans les pays développés. « Cette réallocation du temps confirme l’évolution des normes parentales. Les enfants reçoivent plus d’attention et de temps de la part des parents parce que l’investissement parental est désormais considéré comme une nécessité, ce qui peut être bénéfique pour leur développement émotionnel. », concluent-ils.

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