L’éducation positive fait-elle sens lors des crises d’opposition des enfants ? Pour Caroline Goldman, la réponse à cette question est sans équivoque. L’éducation positive n’a clairement pas que du bon. « Les leaders de ce marché de développement personnel appliqué aux enfants donnent à ces temps de rencontres conflictuelles entre parents et enfants, une portée particulièrement fantaisiste ».
"Comme l’agressivité est une notion peu commerciale, elle s’est transformée en émotions "
La spécialiste développe : « En déjouant d’une part leur intitulé, d’autre part, la réalité de ce qui est ressenti par les enfants dans ces moments-là, mais aussi leurs voies d’apaisement et leur portée. » La psychothérapeute pointe du doigt les experts en marketing, « les commerçants » comme elle les appelle, qui n’osent pas appeler un chat un chat. « Le marketing impose de savoir tronquer les mots pour les rendre plus séduisants, explique-t-elle. Comme l’agressivité est une notion peu commerciale, elle s’est transformée en « émotions » et les crises d’opposition en « tempête émotionnelle ». En effet, il semble plus vendeur d’attendrir les parents sur la peine éprouvée par leurs enfants lors de leur rencontre avec la frustration que de présenter ses pulsions d’emprises agressives « comme de simples signaux éducatifs qui diraient « papa, maman, aidez-moi à m’arrêter, je suis trop petit, je ne sais pas encore le faire tout seul », assure Caroline Goldman. Selon elle, « les cris, les plaintes et les pleurs sont trop sacralisés. » En d’autres termes, si l’enfant cherche, bien sûr, des moments de complicité avec ses parents, il appelle aussi à ce qu’on lui pose des limites. Ainsi, selon elle, leur proposer un câlin, s’assoir à côté d’eux pour débattre de leur souci peut calmer un enfant abandonné, déprimé, polytraumatisé mais « ne fera qu’exciter l’agressivité de n’importe quel enfant « sain ». Il n’aura pas l’impression d’avoir été entendu dans son appel et sera maintenu en situation de tension » argue-t-elle.
Le "Time out" conseillé par l'experte
Comme solution à la crise d’opposition, Caroline Goldman suggère d’appliquer la méthode du "time-out", c’est-à-dire la mise à l’écart temporaire de l’enfant hors de l’espace commun. Et ce, malgré le peu de considération que portent « les commerçants » à cette technique, qu’ils considèrent comme une violence éducative. « Envoyer dans sa chambre un enfant parfaitement averti des règles, conscient de les transgresser et très aimé et heureux par ailleurs, est très efficace et ne donne lieu à aucun effet secondaire et enfin permet d’éviter les violences intrafamiliales en incluant l’enfant ». En guise de conclusion, la psychothérapeute appelle finalement les parents à employer des méthodes simples, qui ont déjà faire preuve de leur efficacité : « C’est en retirant aux parents des solutions de bons sens qu’on peut les propulser dans le chaos ».