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Chez les jeunes, les mauvaises représentations et la culture du viol persistent

Publié le par Alexandra Bresson

Une enquête de l'institut Ipsos montre une amélioration des connaissances des Français sur un certain nombre de comportements relevant du viol. Néanmoins, ils sont encore une minorité, notamment chez les jeunes de 18 à 24 ans, à considérer que le fait de forcer son conjoint à avoir des rapports sexuels n'est pas un viol.

Cinq ans après le début du mouvement international de libération de la parole des victimes de violences sexuelles #Metoo, quelles sont les représentations des Français sur les stéréotypes sexistes et la culture du viol ? Une nouvelle enquête réalisée auprès de 1035 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par l’institut Ipsos, pour l’association « Mémoire traumatique et victimologie »​ montre que le niveau de tolérance des Français est en baisse vis-à-vis des violences sexuelles, par rapport aux deux premières enquêtes menées en 2016 et 2019.

Ce nouveau sondage fait aussi état d'une forte attente de la part des Français à améliorer la lutte contre ces violences. Il n’empêche qu'une majorité d'entre eux continue à y adhérer, surtout les hommes, et notamment ceux âgés de 18 à 24 ans.

Ces derniers sont en effet plus susceptibles que les autres tranches d’âge à adhérer à une vision sexiste et à une sexualité violente, sans respect du consentement. Un Français sur 5 considère encore que le fait de forcer son conjoint à avoir des rapports sexuels n’est pas un viol. Et les jeunes de 18 à 24 ans sont plus nombreux à penser de cette manière. Le sondage indique qu'il s'agit de la génération qui qualifie le moins les deux situations suivantes de viol (80% contre 92% pour l'ensemble des sondés) :

- forcer une personne à avoir un rapport sexuel alors qu’elle ne se laisse pas faire

- ou avoir un rapport sexuel avec une personne en état d’ébriété, droguée ou endormie, incapable d’exprimer son consentement.

Les 18/24 ans, une génération « pornographie » ?

Autre exemple : si 82% de l’ensemble des sondés pensent que « forcer sa conjointe ou sa partenaire à avoir un rapport sexuel alors qu’elle refuse et ne se laisse pas faire » est un viol, c'est le cas pour seulement 70% des 18/24 ans, et 59% chez les hommes de cet âge. Comme expliquer ces chiffres effarants ? L'association Mémoire traumatique et victimologie insiste sur « l'exposition de cette tranche d’âge dès l’enfance à des contenus pornographiques, souvent violents et dégradants envers les femmes avec une érotisation de la haine et de la violence, ainsi qu'à des jeux en ligne mettant en scène des stéréotypes sexistes, une culture du viol et des scènes de violences sexuelles envers les femmes. »

De manière générale, les jeunes de 18 à 24 ans déclarent aussi davantage que la pornographie est un moyen comme un autre de faire son éducation sexuelle (34% des sondés de cet âge contre 19% de l’ensemble des sondés), que beaucoup de femmes prennent du plaisir à être injuriées ou humiliées (36% VS 12%), voire forcées (23% contre 11%), et que dire « non » veut dire « oui ».

Enfin, les jeunes hommes sont aussi plus nombreux à penser qu'il est fréquent que des personnes qui accusent quelqu’un d’autre de viol mentent par déception amoureuse ou vengeance (52% VS 34%). « Il est urgent d’agir car le contenu de la pornographie en ligne explose d’année en année et il est largement non réglementé », alerte l'association.

Culture du viol : certaines idées reçues ont la vie dure

La culture du viol se définit comme « l’adhésion d’une société à de nombreux mythes sur le viol ». Le sondage réalisé par Ipsos démontre qu'en 2022 encore, avoir une attitude provocante, accepter d’aller seule chez un inconnu, flirter avec la personne ou avoir une attitude séductrice restent des motifs de déresponsabilisation pour l'agresseur. Ceux-ci sont évoqués par 1/3 des Français, et particulièrement par les hommes. En outre, même s’ils ont tendance à régresser, les stéréotypes sur le viol restent très répandus : près de 4 Français sur 10 estiment que, si l’on se défend autant que l’on peut, on fait le plus souvent fuir le violeur. Et 1 sur 4 considère que si on revoit son agresseur après avoir été violé.e, c’est que ce n’était pas vraiment un viol.

Heureusement, le sondage relève aussi que plus de 90% des Français sont favorables à des mesures pour mieux lutter contre les violences sexuelles, notamment l’imprescriptibilité des crimes sexuels, une formation obligatoire de tous les professionnels et la création de centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles.

L’association Mémoire traumatique et victimologie se dit tout de même très préoccupée par ces conclusions, quant au fait « qu’une majorité de Français reste dans une méconnaissance de la loi, de la réalité des violences sexuelles, de la notion de consentement et des conduites à tenir. » Un déficit d’information qui prouve qu’il est essentiel de mettre en place une meilleure stratégie d’éducation, de sensibilisation et de communication à ce sujet.

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