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Chantage à la vidéo : un jeune de 18 ans se suicide après en avoir été victime

Publié le par Guillaume Botton

Ce jeudi 14 octobre, le magazine de France 2 « Complément d’enquête » traitait le sujet du cyber-harcèlement. Les journalistes ont notamment rencontré les parents de Quentin, un jeune homme qui s’est donné la mort après avoir été victime d’un chantage via la plateforme Skype.

Quentin venait d’avoir 18 ans et habitait Castelsarrasin, commune de 14 000 habitants dans le Tarn-et-Garonne. Un samedi de printemps 2015, dans l’intimité de sa chambre, seul face à son ordinateur, le jeune homme s’est suicidé, après avoir été victime pendant deux heures de chantage à la vidéo intime sur Internet.

Sa mère découvre le corps…

Une histoire effroyable retracée par le magazine « Complément d’enquête », diffusé le 14 octobre, dont les journalistes ont pu consulter la retranscription de la conversation sur la plateforme Skype. Ils ont aussi rencontré Stéphane et Catherine, les parents de l’adolescent.

Le papa se souvient : « Notre rituel à 19 heures était le suivant : ma femme, au bout du couloir, avait l’habitude de crier “ À table ! ”. Quentin ne répondant pas, elle a ouvert [la porte de sa chambre, ndlr] et c’est là qu’elle a trouvé notre fils couché au sol, toujours le casque sur les oreilles, l’ordinateur allumé et dans une mare de sang [long silence]. Et le couteau planté dans le cœur ».

« Tu verras de quoi je suis capable »

Quentin fut victime d’un piège de cyber-criminels, basés à l’étranger. Via l’application vidéo Skype, l’adolescent pense discuter avec une fille. À la demande de cette dernière, il se déshabille. Seulement, la soi-disant jeune femme le filme, à son insu.

Le ton se durcit alors avec un premier message : « Monsieur, n’essaie même pas de couper ta cam, sinon tu verras ce que je ferai de cette vidéo de toi. Si tu essaies de te déconnecter ou de jouer les durs (…), tu verras de quoi je suis capable. »

« Supprime stp »

Quentin implore de ne pas diffuser sa vidéo : « Supprime stp », écrit-il. Réponse des harceleurs : « Je veux une somme de 5 000 euros pour supprimer ta vidéo ». Lorsqu’il demande « Pourquoi tu fais ? », le ton est toujours menaçant : « J'ai ma sœur malade en Afrique de l'Ouest, elle a besoin d'argent pour se faire une greffe. Alors si tu tiens à ta dignité et à celle de ta famille (...) dis combien tu peux lui verser pour que cette vidéo soit supprimée ». L’ado vire alors ce qu’il a sur son compte, 50 euros, et promet de verser le restant des 5 000 euros demandés le lendemain.

« Ça ne marche pas, je suis désolé, ça ne marche pas »

Mais l’escalade se poursuit et toutes les 30 secondes, un nouveau message s’abat sur le jeune homme paniqué. Un deuxième internaute, également au pseudo féminin, prend le relais : « J’ai ta vidéo, je vais la balancer à tous les sites de tchats et à ta ville actuelle. »

Il lui demande alors de payer tout de suite et en ligne. « Ça ne marche pas, je suis désolé, ça ne marche pas », se désole Quentin. La réponse de l’harceleur est glaçante : « Je te laisse et je reviens. Sache que malgré que tu t’es piqué le ventre, moi je ne te laisse pas ». Quentin vient, en réalité, de s’enfoncer un couteau dans le thorax. Il aura vécu deux heures de chantage pendant que ses parents, aussi à la maison, ne soupçonnaient rien.

L’enquête, toujours en cours, a révélé que les maîtres chanteurs sont basés en Côte d’Ivoire. Leur identité, elle, est toujours inconnue. L’affaire a été classée sans suite mais les parents de Quentin ont décidé de porter à nouveau plainte, contre X cette fois, afin de la relancer. À noter qu’un numéro d’urgence répond aux mineurs victimes de cyber harcèlement de 9h à 20h, du lundi au samedi, de façon anonyme et gratuite, au 3018.