Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

États-Unis : la Cour suprême révoque le droit constitutionnel à l'avortement

Publié le par Marion Bellal

Sans surprise, la Cour suprême états-unienne a révoqué vendredi 24 juin le droit constitutionnel à l'avortement, laissant chaque État libre de choisir. Moins d'une heure après, le Missouri est devenu le premier État à interdire le recours à l'IVG.

La fuite de données provenant de la Cour suprême, publiée par le site Politico début mai 2022, ne laissait que peu d'espoir aux défenseurs et défenseuses du droit à l'avortement aux États-Unis, 6 juges sur 9 de la Cour étant conservateurs. Sans surprise, donc, la Cour suprême a enterré, vendredi 24 juin, l'arrêt Roe v. Wade, datant de 1973, révoquant le droit à l'avortement.

Chaque État des États-Unis libre de choisir

Le droit à avorter des États-uniennes n'est donc plus garanti à l'échelle de l'État fédéral. Chaque État fédéré a désormais le droit de choisir s'il autorise - ou non - le recours à l'IVG, et dans quelles conditions (nombre de semaines de grossesse, disposition particulière en cas de viol ou d'inceste...), comme c'était le cas avant l'arrêt Roe v. Wade.

Le professeur de droit de la santé Lawrence Gostin relève auprès de l'AFP que cette décision de la Cour suprême est historique, puisqu'il « est déjà arrivé qu'elle change sa jurisprudence mais pour instaurer ou restaurer un droit, jamais pour le supprimer ». 

À peine une demi-heure après l'annonce de la décision de la Cour suprême, le ministre de la Justice du Missouri a déclaré que son État devenait le premier à interdire la pratique de l'IVG sur son territoire, suivi de près par le Dakota du Sud et l'Indiana. On estime qu'au cours du mois à venir, entre 22 et 26 États, sur 50, pourraient fermer toutes leurs cliniques. Dans 13 États, elles risquent de l'être très rapidement, dans les prochains jours, en raison de lois anti-avortement adoptées par anticipation. L'effet de la décision de la Cour suprême y est donc immédiat.

Des inégalités creusées entre les femmes

Les conséquences de cette décision ne seront pas les mêmes selon les conditions socio-économiques des femmes souhaitant avorter. La Kaiser Family Foundation, spécialisée sur la santé publique, a calculé, en 2019, que le coût médian d’un avortement aux États-Unis est d'environ 500 dollars à dix semaines et près de 1 200 dollars à vingt semaines. À ces frais, vont s'ajouter ceux de transport et de logement dans un autre État, parfois très éloigné. Mais selon l’institut Guttmacher, environ la moitié des femmes états-uniennes souhaitant avorter vivent sous le seuil de pauvreté.  

Les associations pro-avortement fournissent donc des aides financières mais, malgré cela, les travaux de la professeure d'économie Carolyn Myers révèlent qu'une femme sur cinq ne pourra plus recourir à un avortement si la distance à parcourir est au-delà de 160 kilomètres. Pour le moment, les lois restrictives adoptées par les États criminalisent les personnes qui pratiqueraient un avortement, et non celles qui y recourraient. 

Le ministre de la Justice, Merrick Garland, dénonce un « fardeau », porté surtout par les femmes les plus pauvres et celles issues des minorités, et assure qu'il travaillera à préserver l'accessibilité à ce droit. Le président Joe Biden, regrette, quant à lui, un « triste jour » pour les États-Unis.