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Automutilation chez les adolescents : elle peut être “socialement contagieuse”

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs affirment que les adolescents témoins chez d'autres adolescents d'un comportement d'automutilation, soit une manière de blesser volontairement leur corps sans essayer de se tuer, sont susceptibles de reproduire ce même geste. C'est selon eux une forme d'incitation ou de contagion à surveiller de très près.

Certaines recherches suggèrent que les idées et tentatives suicidaires chez les adolescents peuvent être contagieuses, c'est-à-dire que les adolescents exposés au comportement suicidaire de leurs pairs sont plus susceptibles d'éprouver des idées suicidaires ou de tenter de se suicider eux-mêmes. Les données se font en revanche plus rares en ce qui concerne l'effet de contagion potentiel de ce que des chercheurs de l'Université d'Ottawa appellent « l'automutilation non suicidaire », soit s'automutiler sans intention suicidaire. Leur étude publiée dans « Acta Psychiatrica Scandinavica » indique que là aussi, les adolescents sont plus susceptibles de s'automutiler lorsqu'ils connaissent une personne qui effectue ce geste.

Les exemples d'automutilation non suicidaire les plus fréquents comprennent : se couper la peau avec un objet pointu (un couteau, une lame de rasoir, une aiguille) ou se brûler la peau (généralement avec une cigarette). L'étude utilise des données recueillies en 2014 auprès de plus de 1 400 adolescents ontariens âgés de 14 à 17 ans. Les chercheurs ont analysé les réponses à cette question : « Est-ce que l'un de vos amis s'est déjà auto-infligé des blessures sans intention suicidaire ? » En cas de réponse positive, il s'avère que la personne interrogée est deux à trois fois plus susceptible de répondre « oui » à la question cherchant à savoir s'il avait songé ou non, à reproduire ce geste.

Miser sur la communication avant tout

Des résultats particulièrement préoccupants selon les scientifiques, et ce particulièrement en contexte de pandémie mondiale de COVID-19, car l'automutilation non suicidaire n'est en général pas seulement un signe de détresse psychologique aiguë : il peut aussi s'agir d'un indicateur de comportement suicidaire ultérieur et plus répandu. « L'automutilation non suicidaire est beaucoup plus fréquente que les tentatives de suicide (deux fois plus fréquente dans le cadre de la présente étude) et davantage plus fréquente que le décès par suicide, » indique le Dr Ian Colman, qui a conduit ces travaux, allant dans le même que de précédentes études scientifiques menées sur ce même sujet.

Ces dernières ont démontré que les adolescents exposés au suicide de leurs pairs sont deux fois plus susceptibles d'avoir un comportement suicidaire ou d'avoir des idées suicidaires par rapport à ceux qui n'y sont pas exposés. Sachant que le suicide est plus probable chez une personne qui a été exposée au suicide d'une autre personne, les chercheurs recommandent de mettre en place des mesures sociétales, afin de protéger cette population vulnérable. Mais ils concèdent qu'il peut être moins évident de « ralentir ou protéger les adolescents contre les comportements socialement contagieux, car ils sont susceptibles de communiquer librement entre eux, sans se référer aux directives. »

C'est pourquoi ces experts recommandent en premier lieu de miser sur la communication, premier réflexe essentiel. En effet, des conversations avec un adulte de confiance à l'écoute, sans menace de jugement, peuvent être utiles tout au long de l'adolescence, y compris pour une personne qui songe à s'automutiler. « Il existe certaines croyances selon lesquelles un parent qui discute de suicide avec son enfant peut contribuer à augmenter le risque de suicide ou d'automutilation. » indique le Dr Ian Colman avant de conclure : « Pourtant, peu d'éléments de preuve existent pour appuyer cette affirmation. »

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