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Au cinéma : "Les Enfants des autres", un film qui métamorphose la belle-mère

Publié le par Marion Bellal

Le dernier long-métrage de la réalisatrice Rebecca Zlotowski, “Les Enfants des autres”, dépoussière l'image de la belle-mère et dresse un portrait sensible et réfléchi des familles recomposées contemporaines. 

C'est une scène banale de retour de vacances. « On fait le sandwich ? », réclame Leïla (Callie Ferreira-Goncalves) à Rachel (Virginie Efira) et Ali (Roschdy Zem). « Qu'est-ce qu'elle vous ressemble », susurre, en souriant, la voisine de train de cette famille, qui se câline en enserrant la petite fille en leur cœur. Or, Rachel n'est pas la mère de Leïla, mais sa belle-mère, la nouvelle conjointe d'Ali, qui a eu un enfant, 4 ans plus tôt, avec Alice (Chiara Mastroianni). 

Le nouveau long-métrage de Rebecca Zlotowski, Les Enfants des autres, sorti en salles le 21 septembre 2022, pose un regard féministe et sensible sur les familles recomposées, redore le blason de la belle-mère et interroge avec brio les modèles familiaux contemporains occidentaux. 

Belle-mère : le rôle ingrat ?

Lorsque Rachel, 40 ans, parisienne et professeure au lycée, rencontre Ali dans son cours de guitare, la vie et l'amour semblent simples, délicats, passionnés. L'existence de la fille d'Ali, Leïla, née d'une précédente union, ne l'inquiète pas. Elle s'impatiente au contraire de la rencontrer. Leïla est joueuse et aimante, elle accueille Rachel dans son quotidien avec toute la candeur d'une enfant de 4 ans.

Mais quel est alors le rôle de cette nouvelle adulte dans sa vie ? Rachel peut-elle donner son avis sur l'éducation de Leïla ? Comment camoufler son malaise et sa tristesse lorsque la petite réclame sa maman ? Doit-elle se protéger de cette relation emplie d'amour, de cette ébauche de lien maternel ? La réalisatrice, Rebecca Zlotowski, prend ici le contrepied de la traditionnelle image de la belle-mère au cinéma. À l'opposé de la marâtre des contes de Cendrillon ou de Blanche-Neige, bien loin de la commère hollywoodienne du film Sa mère ou moi ! (de Robert Luketic, 2005), enfin un récit met en scène une belle-mère humaine, qui cherche sa place et s'attache.

Des envies de maternité contrariées

En parallèle, Rachel apprend que son désir de devenir mère pourrait ne jamais aboutir et que sa petite-sœur est enceinte. L'enseignante reconnaît se sentir piégée, tout en déclarant sa « fierté d’appartenir au groupe des femmes sans enfants ». Elle embarque les spectateurs et spectatrices dans les hésitations, désillusions et tourments de nombreuses Françaises, alors que 20 % ont leur premier bébé à plus de 35 ans. Film presque autobiographique, l'œil de la réalisatrice sur la maternité contemporaine et ses défis en France, ainsi que sur la précarité de la fonction de belle-mère, est délicat et pudique.

Les relations entre les adultes gravitant autour de Leïla sont, elles aussi, représentées de façon tendre et réfléchi. La complicité entre le couple phare est palpable et la recherche d'équilibre entre Rachel et Alice émeut. Les deux femmes ne se positionnent pas en ennemies, se respectent et priorisent le bien-être de Leïla. « Arrêtons de nous excuser pour ce que font les hommes », propose ainsi Rachel à Alice, alors qu'elle a été blessée par le comportement d'Ali. 

Reprenant certains codes des films français des années 70, Les Enfants des autres dresse un portrait novateur d'une famille recomposée et rend hommage avec une douceur infinie aux femmes qui n'ont pas (ou pas encore) d'enfants, sans drame, mais avec mélancolie, en insufflant au quotidien de ses héroïnes et héros une joie évidente, brinquebalée par les aléas de la vie.