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Argentine : la maternité reconnue comme un travail dans le calcul des retraites

Publié le par Stella Roca

Les Argentines en âge de partir à la retraite mais à qui il manque des annuités pourront désormais acquérir des bonifications supplémentaires liées à leur statut de mère. Et en France, comment ça se passe ? Le détail.

Reconnaître le fait d’être mère et de s’occuper de ses enfants dans le calcul de sa retraite est depuis mercredi 4 août possible dans le pays sud-américain le plus avancé en termes de droits sociaux. L’Argentine reconnaît aujourd’hui la maternité et ses tâches quotidiennes comme un travail à part entière et le comptabilisera comme des années de travail pour toutes les Argentines à qui il manque des annuités et qui ont plus de soixante ans.

Une mesure visant à réduire les inégalités

L’Agence nationale de sécurité sociale (ANSES) argentine, vers qui les femmes concernées doivent se tourner pour bénéficier du nouveau dispositif, témoigne qu’“avec cette mesure, nous donnons de la visibilité et réparons une inégalité historique et structurelle, en reconnaissant et valorisant le temps que les femmes dédient à l’éducation de leurs enfants. La sociologue Elodie Bordat-Chauvin pour nos confrères de La Croix explique que « 76 % des tâches domestiques sont effectuées par des femmes, qui travaillent 6,4 heures par jour pour s’occuper des enfants, les éduquer, ranger, cuisiner et nettoyer». Cette mesure inédite, portée par le secrétariat de l’égalité de genre, tente d’atténuer et de corriger les inégalités économiques entre les sexes liées au fait que la charge des enfants reste encore majoritairement attribuée aux femmes. 

Des centaines de milliers de femmes à qui la mesure va profiter

Plus précisément, “les Argentines gagneront une annuité pour chaque enfant, deux par enfant adopté, une supplémentaire en cas de handicap et deux encore si elles ont touché l’assignation universelle par enfant [une aide sociale semblable aux allocations familiales] durant un an. » La mesure souhaite visibiliser le travail informel des Argentines qui touche davantage les mères les plus pauvres n’ayant pas les moyens d’engager des nourrices, en les avantageant. Une heure après le lancement du dispositif sur le site de l’ANSES le 30 juillet, près de 1500 femmes se sont inscrites pour profiter de leur nouvelle prérogative, et ce sont plus de 150 000 femmes qui bénéficieront du nouveau dispositif argentin, d’après La Croix.

L’Argentine, pays des droits sociaux et des minorités

Pionnière en matière d’avancées sociétales pour les minorités, l’Argentine n’en est pas à son coup
d’essai. Depuis le 21 juillet 2021, le pays reconnaît le genre « non-binaire » sur les papiers d’identité permettant de délivrer aux personnes ne se reconnaissant ni du genre féminin ni masculin une identité légale.

En décembre dernier, le pays est devenu le premier d’Amérique Latine à légaliser l’avortement jusqu’à quatorze semaines de grossesse et à le rendre « gratuit ». Il est également le dixième pays dans le monde à avoir autorisé le mariage homosexuel en 2010, près de trois ans avant la France. L’Argentine est donc un exemple en Amérique Latine et dans le monde en matière d’avancées des droits sociaux.

En France aussi, une majoration existe

En France, la législation permet aussi d'obtenir des majorations de trimestres supplémentaires par
enfant.
Dans le secteur privé, une mère peut bénéficier de 8 trimestres supplémentaires par enfant.
Pour les enfants nés avant le 1er janvier 2010, la totalité de ces 8 trimestres est automatiquement
attribuée à la mère. Pour les enfants nés après cette date, seulement 4 trimestres par enfant sont
attribués d’office à la mère. Pour les 4 restants, les parents ont le choix : ils peuvent les attribuer en
totalité à la mère ou au père (ou deuxième parent), ou les partager entre eux.

Dans le secteur public, les fonctionnaires peuvent bénéficier d’une gratification en fonction de la
date de naissance de leurs enfants
: les enfants nés avant le 1er janvier 2004 : une bonification de 4
trimestres par enfant est accordée au(x) parent(s) justifiant avoir interrompu ou réduit son activité
professionnelle pour l’élever. Pour les enfants nés après le 1er janvier 2004 : l’interruption de travail ou sa réduction (congé parental, disponibilité, temps partiel, etc.) est prise en compte comme du temps de travail dans la limite de 3 ans par enfant.