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Alimentation : le dioxyde de titane interdit en Europe dès janvier prochain

Publié le par Alexandra Bresson

Les États de l'Union Européenne ont décidé de bannir le dioxyde de titane (E171), un colorant potentiellement toxique fréquemment utilisé dans les confiseries et gâteaux, suivant ainsi l'exemple de la France il y a un an.

Le colorant E171 (dioxyde de titane) ne sera bientôt plus présent dans les confiseries, chewing-gums, pâtisseries, soupes ou encore plats cuisinés. La Commission européenne et les États membres se sont mis d’accord pour l'interdire à partir de 2022 dans tous les produits alimentaires de l’Union européenne, à l’issue d’une réunion du Comité permanent des denrées alimentaires. Le vote du Comité donne le feu vert au Conseil et au Parlement européens pour entériner cette décision dans les prochains mois.

Un risque de génotoxicité

Déjà banni des assiettes françaises depuis 2020, ce colorant, composé en partie de nanoparticules, faisait l’objet d’alertes scientifiques depuis plusieurs années, notamment pour son potentiel risque cancérigène. Ce dernier était utilisé à des fins esthétiques, pour ses propriétés colorantes (pigment blanc) et opacifiantes.

« L’innocuité de nos aliments et la santé des consommateurs ne sont pas négociables. Aujourd’hui, nous agissons résolument avec les États membres, sur la base de données scientifiques solides, pour éliminer un risque lié à une substance chimique dans l’alimentation », explique dans un communiqué Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire.

La proposition de la Commission fait suite à un avis scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) publié en mai, concluant que l’E171 ne peut plus être considéré comme sûr en tant qu’additif alimentaire, en particulier parce qu’un risque de génotoxicité (effets sur l'ADN) ne peut être écarté.

Additif esthétique douteux

Si aucune objection n’est adoptée d’ici la fin de l’année par le Conseil ou le Parlement européen, le texte entrera en vigueur début 2022. Commencera alors une période de retrait progressive de 6 mois, à l’issue de laquelle l’interdiction totale de l’E171 dans les produits alimentaires s’appliquera.

La France avait déjà suspendu son utilisation dans les aliments l'année dernière, à la suite de recherches suggérant qu'il pourrait provoquer des lésions précancéreuses chez les rats. « Le feu vert des pays membres est l’ultime clou dans le cercueil du dioxyde de titane comme additif alimentaire », déclare Camille Perrin, une responsable du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc).

Elle ajoute : « dans la plupart des États européens, l'E171 avait déjà largement disparu de la composition des produits alimentaires, mais on le trouvait encore dans certains chewing-gums, friandises et décorations pour gâteaux. » D’après une analyse des étiquettes menée en mai dernier par l'association de consommateurs belge Tests Achats, c'est en effet dans les chewing-gums que cet additif s'avère être le plus présent, puis dans les décorations pour pâtisserie.

Cette décision a par ailleurs été immédiatement saluée comme « une victoire importante pour notre santé » par l'ONG Foodwatch qui se battait depuis des années pour étendre la suspension de l’additif controversé à toute l’Europe.

Qui des cosmétiques et médicaments ?

Foodwatch rappelle qu'il y a cinq ans, un rapport de l’Anses alertait déjà sur les risques du dioxyde de titane E171. « Cette bonne nouvelle doit inciter la France à accélérer cette dynamique qu’elle a enclenchée avec le dioxyde de titane. 338 additifs sont aujourd’hui autorisés dans l’alimentation en Europe, c’est trop, avec des risques d’effets cocktails impossibles à évaluer. Il faut supprimer en priorité ceux qui sont controversés car ils présentent des risques pour la santé. On ne devrait pas avoir à se battre pendant des années pour les faire interdire l’un après l’autre », commente Karine Jacquemart, directrice en France de l’ONG.

Si cette interdiction représente une avancée importante, de nombreux organismes, à l'instar de l'UFC-Que Choisir, souhaitent toutefois qu’elle soit étendue aux médicaments et aux cosmétiques, où l'E171 est également fréquemment employé. La Commission européenne indique à ce sujet que pour le moment, l'industrie pharmaceutique ne sera pas affectée par l'interdiction afin d'éviter notamment une pénurie de médicaments contenant le colorant. « Le remplacement du dioxyde de titane nécessitera également des recherches et des tests d'alternatives appropriées pour garantir que la qualité, la sécurité et l'efficacité des médicaments ne soient pas affectées négativement », conclut-elle.

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