L’adolescence est une période charnière durant laquelle le cerveau est encore en cours de développement et même, en quelque sorte, de finalisation. C’est-à-dire qu’il ouvre potentiellement la voie à des changements de comportement sur le long terme. Aussi, une consommation excessive d’alcool va venir perturber ce processus et induire des changements cognitifs importants qu’il ne sera peut-être pas possible de renverser ensuite.
Des changements sur le cerveau irréversibles
La scientifique Nikki Crowley, professeure adjointe en biologie et en génie biomédical et titulaire de la chaire Huck Early en neurobiologie et en génie neuronal, explique dans son rapport que le cortex préfrontal n’est pas complètement formé chez les adolescents et continue de mûrir jusqu’à l’âge de 25 ans environ. Les perturbations de son développement chez les jeunes peuvent ainsi avoir des conséquences graves et durables. « Le cerveau des adolescents semble être particulièrement vulnérable aux conséquences qui les suivront pendant des décennies », conclut la chercheuse. Et d’ajouter : « Si la consommation excessive d’alcool des adolescents fait chuter le nombre de neurones durant cette période, ils pourraient ne pas être en mesure de revenir en arrière, même si la consommation d’alcool s’arrête ». En résumé, les excès d’alcool à l’adolescence, même sur une courte période, peuvent avoir des effets irréversibles.
Les adolescents plus vulnérables que les adultes
Pour étayer leurs résultats, l’équipe de chercheurs de l’université de Pennsylvanie aux Etats-Unis a mené des expériences sur deux groupes de souris adolescentes. L’un était soumis à une consommation excessive d’alcool tandis que l’autre ne buvait que de l’eau. Après les avoir observés durant plusieurs jours, il a été établi que les neurones des souris ayant consommé de l’alcool étaient totalement dérégulés par rapport à l’autre groupe. Et ce, même encore après qu’elles ont stoppé leur consommation d’alcool. À noter qu’une étude précédente avait comparé des souris jeunes avec des souris à l’âge adulte, prouvant que les adolescents sont bien plus vulnérables que les adultes, dont le cerveau a terminé sa croissance. En effet, les souris adolescentes exposées à une prise excessive d’alcool présentaient de plus grandes difficultés que les adultes à circuler dans des labyrinthes ou à reconnaître des objets, traduisant un déclin transitoire de la mémoire à court terme, spécifique à cet âge. La vigilance et la prévention sont donc primordiales à cette période.