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Une étude suggère que la marijuana peut nuire à la fertilité féminine

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs ont découvert que le THC, le principe actif responsable des effets du cannabis, est néfaste pour le développement de l'embryon dès les premières étapes. Ainsi, les femmes qui en consomment seraient plus susceptibles de présenter une capacité réduite à produire des embryons viables, et donc à tomber enceintes et à mener une grossesse à terme.

La marijuana représente les feuilles et les tiges séchées de la plante de cannabis, le plus souvent roulées en cigarette et de forme conique (« joints », « pétards »…). Parmi toutes ses substances, elle renferme du THC (tétrahydrocannabinol), à l'origine de l'effet d'euphorie chez le consommateur, et du CBD (cannabidiol), deux composants chimiques qui ont des effets à court et à long terme. De nombreuses études ont en effet montré qu'une consommation soutenue de cannabis diminue les capacités de mémorisation et d’apprentissage, et peut donner lieu à des symptômes psychiatriques (troubles anxieux, hallucinations...). À un niveau de consommation élevé, apparaît le risque de dépendance, psychique surtout.

En partant du constant que la marijuana est la drogue récréative la plus couramment utilisée par les personnes en âge de procréer, des chercheurs de l'Université de Guelph (Canada) se sont intéressés à ses possibles effets quant à un risque d’infertilité chez les femmes. Ces derniers se disent notamment inquiets du fait que l'augmentation de la consommation a favorisé une hausse de la concentration de THC dans l'herbe de cannabis ces dernières décennies. « On déconseille aux patients qui souhaitent bénéficier de traitements contre l'infertilité de consommer du cannabis, mais les preuves scientifiques soutenant cette déclaration sont faibles. », explique le Pr Megan Misner, qui a participé à l'étude.

Le cannabis rend la grossesse plus difficile

Celle-ci ajoute : « cela rend difficile pour les médecins de conseiller correctement les patients subissant une FIV. » Pour cette étude, les chercheurs ont traité des ovocytes (cellules reproductrices féminines stockées dans les ovaires) de vache, avec des concentrations de THC équivalentes à des doses thérapeutiques et récréatives. Les ovocytes ont été collectés et mûris en cinq groupes : non traités au THC, témoins, THC dosé faiblement, THC dosé moyennement et THC à un taux élevé. Leur développement a été mesuré selon leur capacité à atteindre des stades de développement à des moments précis. Selon la chercheuse, « il s'agit d'un indicateur clé pour déterminer leur qualité et potentiel de développement ».

Les résultats ont montré qu'une concentration élevée de tétrahydrocannabinol était liée à une diminution et à un retard significatif de la capacité des ovocytes traités à atteindre ces différents « points de contrôle » étudiés. Les chercheurs ont constaté que l'exposition au THC a entraîné une diminution significative de l'expression de gènes appelés « connexines », qui sont présents à des niveaux importants dans des ovocytes de bonne qualité. Il avait déjà été démontré dans d'autres études que des ovocytes de mauvaise qualité, avec des niveaux d'expression de connexines plus faibles, conduisent à un développement embryonnaire altéré, ce qui rend l'embryon moins susceptible de survivre.

En France, la plateforme Drogues Info Service met bien en garde contre l'impact du cannabis sur la fertilité pour les femmes en ayant consommé dans l’année précédant la tentative de conception. « La grossesse est plus difficile, avec un risque augmenté de fausses couches et de grossesses extra-utérines. Une étude a montré l’effet néfaste du cannabis sur la FIV, d’autant plus marqué que la prise est récente. », explique-t-elle. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les fumeurs de cannabis consomment en général du tabac, qui a lui aussi des répercussions sur la fertilité. Si les études menées sur le sujet demandent à être confirmées, le principe de précaution doit inciter les couples à cesser toute consommation, d’autant plus en cas de recours à la procréation médicalement assistée.

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