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Débat sur les diagnostics pré-PMA : le témoignage émouvant d’un député directement concerné en tant que père

Publié le par Hélène Bour

Faut-il ou non proposer aux couples faisant appel à la procréation médicalement assistée (PMA) le dépistage pré-implantatoire ? A cette épineuse question, un député de l’Assemblée a répondu par un témoignage poignant, lui-même papa de jumeaux sourds nés par FIV.

Alors que le projet de loi de bioéthique, comportant entre autres la PMA pour toutes les femmes (mesure adoptée le 27 septembre dernier), est encore en débat à l’Assemblée nationale, l’intervention émouvante d’un député a fait parler d’elle sur le net.

Vincent Thiébaut, député LREM, est intervenu dans l’hémicycle le 4 octobre dernier lors du débat concernant les diagnostics pré-PMA. Il s’agit de décider si les couples en procréation médicalement assistée peuvent avoir ou non recours à un diagnostic pré-implantatoire (DPI), pour révéler d’éventuelles maladies génétiques chez les embryons à implanter. Jusqu’ici, ce DPI n’est proposé qu’aux couples qui risquent de transmettre à leur enfant une maladie génétiqued’une particulière gravité”, “reconnue comme ne pouvant pas être guérie au moment du diagnostic”.

Actuellement, les couples ayant recours à la PMA ne savent ainsi pas à l’avance si les embryons implantés sont porteurs ou non d’une maladie génétique, trisomie 21 y compris. Ce qui engendre parfois des interruptions médicales de grossesse (IMG) a posteriori, qui auraient pu être évitées avec un DPI. “Quel est l’intérêt de faire supporter à des femmes un parcours de fécondation in vitro, puis un diagnostic pré-natal et une IVG ?”, a ainsi fait valoir le généticien Philippe Berta, député MoDem, co-rapporteur de la loi.

Personnellement confronté à cette problématique, puisque papa de deux jumeaux sourds profonds nés par fécondation in vitro (FIV), le député Vincent Thiébaut a tenu à témoigner. Reconnaissant s’être longtemps posé la question, ce père de famille a expliqué que son avis a évolué depuis la naissance de ses jumeaux.

Mes enfants sont absolument extraordinaires. Et à travers leur handicap, j’ai appris des choses extraordinaires. Ils m’ont ouvert les yeux sur les choses que je n’aurais pas pu imaginer, parce que justement ils sont différents”, a-t-il avoué, visiblement très ému. S’il admet que ces maladies génétiques sont parfois très lourdes à porter à titre individuel, il estime qu’elles sont une véritable chance pour la société.

Attention à ce que nous faisons, où allons-nous aller. Parce que là se pose la question, réellement philosophique, de quelle société humaine nous voulons demain ?”, demande-t-il à l’Assemblée. “Ne jouons pas aux apprentis sorciers. La souffrance, la douleur, la culpabilité qu’on peut avoir, font partie de notre humanité. [...] N’ouvrons pas la boîte de Pandore de l’harmonisation, de la standardisation. [...] Je pense que c’est la différence de ce que j’ai vécu, de mes enfants, qui font ce que je suis aujourd’hui, a-t-il conclu, avant d’être applaudi dans l’hémicycle.

Notons que la ministre de la Santé Agnès Buzyn partage l’avis de cet député : “Passer d’un diagnostic prénatal (recherche des marqueurs de la trisomie 21 notamment, ndlr) à un diagnostic pré-implantatoire change complètement la philosophie”, a estimé la ministre. “Le pas suivant sera d’aller chercher d’autres maladies rares et très sévères” et “pourquoi pas de le proposer un jour à tous les couples qui le souhaiteraient d’avoir quelque part ce mythe de l’enfant sain”, a-t-elle ajouté.

L’amendement a été rejeté à 25 voix contre 7.

Source : LCI

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