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Autoconservation des ovocytes : un impact bénéfique pour la natalité française ?

Publié le par Alexandra Bresson

L’autoconservation ovocytaire désigne le fait de conserver ses propres ovocytes dans l’objectif de pouvoir les utiliser ultérieurement. Cette pratique est autorisée dans deux cas de figure médicaux, mais est exclue pour les femmes souhaitant différer leur grossesse. La ministre Agnès Buzyn s'est récemment prononcée pour lever cette interdiction, notamment dans le but de relancer la natalité.

Alors que le nombre de naissances en France a encore baissé en 2018, selon les estimations de l'Insee (12 000 de moins qu'en 2017), la question de l'autoconservation ovocytaire sans indication médicale se pose de plus en plus. Cette pratique consiste à préserver la fertilité des femmes grâce à une vitrification des ovocytes, afin d’y avoir éventuellement recours plus tard par FIV si elles éprouvent des difficultés à concevoir. Celle-ci est interdite en France : seules sont autorisées les conservations destinées à la préservation de la fertilité en raison de certaines indications médicales (en cas de chimiothérapie ou radiothérapie par exemple), d'une insuffisance ovarienne prématurée, ou d'une endométriose.

À ces indications se sont ajoutées depuis quelques années des demandes dites « non médicales », pour pallier l’infertilité liée à l’avancée en âge, sans perspective prévisible de grossesse. Les risques et les avantages possibles de cette démarche sont très souvent discutés, et si certaines autorités sanitaires françaises se sont prononcées pour, à l'instar de l’Académie de médecine, d'autres se montrent plus frileuses (Comité consultatif national d’éthique). Mais il semblerait que la ministre de la Santé n'y soit pas totalement opposée : sur la chaîne LCP, Agnès Buzyn s'est exprimée sur le sujet, soulignant que la conservation des ovocytes pourrait contribuer à lutter contre cette baisse observée de la natalité.

La révision de la loi de bioéthique est attendue

« La question de l'autoconservation des ovocytes pour les femmes est très impactante : cette autoconservation peut faciliter l'accès à la maternité, à la fertilité pour les femmes après l'âge de 37/38 ans » et permettrait « aux femmes de faire plus d'enfants ». « Cela risque aussi de changer les comportements des femmes qui pourraient choisir de faire carrière et de se marier beaucoup plus tard. », fait-elle savoir. La ministre a été interrogée sur cette question au lendemain de la publication du rapport de la mission parlementaire sur la loi de bioéthique. Rendu le 15 janvier dernier, le document se dit favorable et préconise aussi l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules.

Ces conclusions étaient très attendues car il s'agit de propositions émises en amont de la future révision de la loi sur la bioéthique attendue pour cet été. Reste à savoir si l'autoconservation des ovocytes, aussi appelée « conservation sociétale », fera partie des changements attendus. Actuellement les Françaises qui souhaitent pouvoir y accéder ont deux possibilités : se rendre dans des cliniques spécialisées à l'étranger (Espagne, Belgique...) ou devenir donneuse d’ovocytes. Car comme l'explique l'Academie Nationale de Médecine sur le sujet, « la Loi de Bioéthique du 07 juillet 2011 a étendu aux femmes majeures n’ayant jamais procréé la possibilité de participer au don d’ovocytes. »

En contrepartie, ces femmes peuvent conserver pour elles-mêmes, si leur nombre le permet, une partie des ovocytes recueillis. « Ainsi est ouverte la voie légale de la conservation des ovocytes pour palliation de l’infertilité liée à l’âge. », ajoute l'organisme, qui note par ailleurs que « les chances de grossesse dépendent essentiellement de l’âge auquel les ovocytes ont été recueillis, au mieux avant 35 ans. » A noter que certaines femmes militent pour élargir l'autoconservation des ovocytes à toute forme d'endométriose, et non pour les cas les plus sévères uniquement. C'est notamment le cas de la chanteuse Lorie qui a écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron en octobre dernier.

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