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Violence à l'égard des enfants : l'OMS appelle à lutter contre les sévices cachés

Publié le par Alexandra Bresson

La section européenne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier un rapport dont le but est d'aider les gouvernements et communautés à intensifier leurs efforts pour réduire la violence à l’encontre des enfants. Cet appel urgent à passer à l'action rappelle qu'il s'agit d'un véritable enjeu de santé publique puisque les répercussions psychologiques et financières sont instantanées et à long terme.

Chaque année, au moins 55 millions d’enfants subissent des violences au sein de la région européenne, d’ordre physique, sexuel, affectif et psychologique. Malgré l’ampleur de ce chiffre, il est reconnu que ces actes de violence sont bien loin d’être tous notifiés. Tel est le constat de l'OMS Europe, à l'occasion de la publication d'un rapport qui présente des recommandations sur la manière de lutter contre ce problème social caché. En tenant compte de la sous-notification des abus perpétrés, l'organisme estime que sur les 204 millions d’enfants vivant dans la région européenne, 9,6 % subissent des sévices sexuels, 22,9 % des sévices physiques et 29,1 % des sévices psychologiques.

En outre, 700 enfants sont assassinés chaque année dans la région. À cela s’ajoute le coût de la violence à l’égard des enfants puisque selon les estimations de l'OMS, 581 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour le traitement des personnes victimes de la violence. En effet, il est scientifiquement prouvé que les enfants subissant des violences risquent plus de souffrir de maladie mentale, de toxicomanie, d’alcoolisme, d’obésité, ainsi que de maladies chroniques plus tard dans leur vie. « La violence à l’égard des enfants est un acte effrayant et affligeant. », explique le Dr Bente Mikkelsen, directrice de la Division des maladies non transmissibles et de la promotion de la santé à l’OMS Europe.

« Avec une volonté politique, nous pouvons tous nous attaquer à ce problème »

Celle-ci ajoute : « les traumatismes provoqués chez les enfants ont un coût terrible, non seulement pour les enfants et les adultes de demain, dont la vie est ainsi anéantie, mais aussi pour le bien-être et l’économie de tous les pays. Avec une volonté politique, nous pouvons tous nous attaquer à ce problème. Tous les secteurs et tous les segments de la communauté peuvent faire une différence en rendant la société plus sûre pour les enfants. Mais nous devons accélérer notre action. » Bonne nouvelle cependant, dans l’ensemble, la volonté politique de lutter contre la violence à l’égard des enfants est en hausse : 66 % des pays de la région ont interdit les châtiments corporels dans tous les contextes.

Mais le rapport récemment publié par l'OMS souligne que légiférer n’est qu’une partie de la solution. Ces dernières années, si 83 % des pays de la région ont élaboré un plan d’action pour mettre fin à la maltraitance des enfants, moins de la moitié de ces plans sont financés. C'est pourquoi l'OMS Europe a élaboré son propre programme d'action baptisé « Inspire », qui évoque sept stratégies qui ont réussi à réduire les niveaux de violence. Ces dernières sont : mise en œuvre des lois, normes et valeurs, sûreté des environnements, appui aux parents et personnes ayant la charge des enfants, revenus et renforcement économique, services de lutte et d’appui et éducation et savoir-faire pratiques.

L'OMS précise également que les Nations Unies prévoient aussi de mettre un terme « à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants ». Qu'en est-il de la France ? A l'occasion d'une campagne lancée en novembre 2018 pour sensibiliser sur les différentes formes de violences faites aux enfants et rappeler que le 119 est le numéro d’appel national de l’enfance en danger, le ministère de la Santé indiquait que 143 000 enfants sont exposés à des violences conjugales dont 42% ont moins de 6 ans. Pourtant, ces chiffres ne sont qu’une partie de la réalité car les maltraitances faites aux enfants ne se limitent pas aux violences physiques et sexuelles, et toutes ne donnent pas lieu à un dépôt de plainte.

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