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Une alimentation riche en fromage dès le plus jeune âge protègerait des allergies

Publié le par Alexandra Bresson

Pour la première fois, des chercheurs français ont établi une association entre la consommation de fromage dans la petite enfance et la probabilité moindre de développer des maladies allergiques alimentaires ou dermatologiques, indépendamment de la consommation de divers autres aliments.

L'allergie résulte d'un dérèglement du système immunitaire responsable d'une perte de tolérance à des substances, a priori inoffensives, et rencontrées dans la vie quotidienne : les allergènes. En 20 ans, le nombre de personnes allergiques a doublé et l’Organisation mondiale de la santé estime que 50 % de la population mondiale sera affectée par au moins une maladie allergique en 2050. En cause notamment, l'accroissement du niveau d'hygiène et, à l'inverse, la diminution des contacts microbiens dans la petite enfance. Et si la solution à certaines allergies et à l'asthme se trouvait dans l'alimentation ? C'est en tout cas la piste suivie par une équipe de chercheurs français dont ceux du CHU de Besançon.

Depuis 2002, leur étude baptisée « Pature »* observe une cohorte d’enfants vivant en milieu rural dans cinq pays européens (Allemagne, Suisse, Autriche, France et Finlande). Leur travail a déjà permis de mettre en lumière, à travers près de 60 travaux scientifiques, la diminution dans le milieu agricole ou fermier du risque allergique ainsi que le rôle protecteur de la diversité alimentaire précoce. Le dernier volet de cette étude s’intéresse plus particulièrement à la consommation de fromage, un aliment connu pour sa diversité microbienne. Des questionnaires ont été remis à 931 enfants inclus dans la cohorte dès leur naissance et jusqu’à leur 6 ans pour recueillir plusieurs données.

Moins d'eczéma, de rhinite et d'asthme

Celles-ci incluaient notamment les facteurs environnementaux, les maladies allergiques comme l'eczéma et/ou l'asthme et les pratiques alimentaires de ces enfants. Les chercheurs se sont intéressés à leur consommation de fromage à l’âge de 18 mois, en termes de fréquence et de diversité. Ils ont alors constaté que six types de fromage étaient consommés : fromage pressé, semi-pressé, à pâte molle, bleu, frais et de la ferme. Les résultats publiés dans la revue Allergy ont ainsi montré que toute consommation de fromage entre 12 et 18 mois était associée à une réduction significative du risque de dermatite atopique (aussi appelée eczéma atopique) à l'âge de 6 ans et d'allergie alimentaire.

Ces derniers font également état d'un risque diminué de rhinite allergique, d'asthme et de sensibilisation aux allergènes tant alimentaires qu’inhalés. « La moindre incidence d’eczéma et d’allergie alimentaire est retrouvée indifféremment chez les enfants ayant bénéficié d’une diversité et d’une fréquence de consommation de fromage plus importantes. », notent les chercheurs. D'autres études complémentaires devraient déterminer si la diminution du risque est liée à la diversité ou à la fréquence de consommation des fromages. Parallèlement, des analyses du microbiote intestinal chez les consommateurs pourraient aider à comprendre les mécanismes en jeux.

A terme, l'objectif serait de « mettre en place des stratégies préventives de l’asthme et des maladies allergiques. » selon leurs conclusions. A noter que si le programme « Manger Bouger » indique que l’âge pour démarrer la diversification alimentaire se situe entre 4 et 6 mois, il recommande d'introduire progressivement dans son alimentation des petites portions de fromage à texture molle vers 9 mois. Ensuite, les parents ne doivent pas avoir peur de le rebuter, au contraire. « Commencez par les fromages au goût peu prononcé puis passez à des propositions plus audacieuses, avec des fromages aux saveurs plus affirmées. », indique-t-il. « Vous serez surpris, certains bébés raffolent du roquefort ou du munster ! »

*PATURE (Protection contre l’Allergie : éTUde du milieu Rural et de son Environnement)

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