Décidément, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra a du pain sur la planche. Un nouveau rapport parlementaire, présenté à l’Assemblée nationale en commission des Affaires culturelles, fait état de « difficultés structurelles » concernant l’apprentissage de la lecture en France.
Des résultats « médiocres »
« En 2022, 11,2 % des jeunes participant à la Journée défense et citoyenneté rencontraient de grandes difficultés dans le domaine de la lecture », déplorent les députés dans leur rapport. Dans le détail, 4,9 % de ces jeunes « pouvaient même être considérés comme se trouvant en situation d’illettrisme ». Seuls 65 % posséderaient ce que l’on peut considérer comme des acquis suffisants, selon cette mission d’information sur l’apprentissage de la lecture.
Le rapport ajoute que les résultats de l’enquête PISA 2022 font état d’un nouveau recul des performances des élèves français par rapport à 2018, avec une baisse de 19 points du score moyen en compréhension de l’écrit.
« En matière de fluence, ou fluidité de lecture, en 2021, 47 % des élèves en début de CE1 n’atteignaient pas le seuil de 50 mots par minute, qui est l’objectif attendu en fin de CP. En 2022, seule un peu plus de la moitié des élèves entrant en sixième atteignait les niveaux attendus en fluence en fin de CM2 ; 16 % n’atteignaient pas les niveaux attendus en fin de CE2 », énumèrent encore les auteurs du rapport.
Des suggestions pour changer la donne
Le rapport détaille ensuite ces « difficultés structurelles » à revoir, à savoir :
- une prédominance des méthodes dites « mixtes » pour l’apprentissage de la lecture, alors même qu’il existe, selon les auteurs, un consensus scientifique autour de la méthode syllabique, « reconnue comme plus efficace » ;
- une formation trop courte et insuffisamment ciblée du corps enseignant sur ce sujet ;
- des manuels obsolètes ou absents ;
- un risque d’une perturbation des apprentissages par le numérique ;
- des premières mesures dont on attend encore les fruits (notamment le dédoublement des classes de grande section, CP et CE1, et la formation des enseignants).
Notons que le rapport, qui peut sembler « à charge », donne tout de même des pistes pour améliorer l’apprentissage de la lecture en France, telles que :
- une année de CP centrale, avec une pratique conjointe de l’écrit et de la lecture (le rapport cite les termes d’encodage et de décodage, assurant qu’on « apprend mieux à lire lorsque l’on apprend à écrire en même temps ») ;
- un meilleur accompagnement des élèves en difficulté, notamment en faisant appel à la réserve citoyenne de l’Éducation nationale, « pour permettre à des volontaires – par exemple des enseignants retraités – de venir, une ou deux heures par semaine, épauler un enseignant dans sa classe et offrir un accompagnement plus individualisé de ces élèves » ;
- une réaffirmation de la place du livre à l’ère du tout numérique.
Après avoir interrogé près de 80 spécialistes (chercheurs, enseignants, administrations, directeurs d’école, inspecteurs, parents d’élèves, éditeurs, etc.), les rapporteurs ont formulé 35 propositions pour « atteindre un objectif simple : garantir à tous les élèves français une pleine maîtrise de la lecture ». Reste à savoir ce que le gouvernement en tirera et dans quelle mesure ces suggestions seront prises en compte.
