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Un lien entre précarité dans l'enfance et santé

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée par des chercheurs français suggère qu’un environnement défavorable durant l'enfance induit à la fois une reproduction plus précoce et un désinvestissement dans la santé au cours de la vie.

Chez l'animal, des chercheurs de l'Inserm ont observé qu’il peut être avantageux pour un organisme vivant dans un milieu défavorable, à savoir avec un faible niveau de ressources ou un fort niveau de stress et de violence, d’adopter des comportements privilégiant les bénéfices à court terme, moins élevés que ceux obtenus sur le long terme mais plus certains. En partant de cette découverte, ces derniers ont donc mené une étude afin de déterminer si ce modèle était aussi applicable à l’Homme. Pour cela, ils ont sélectionné un panel représentatif de la population française de 1 000 hommes et femmes âgés de 19 à 87 ans.

Ces derniers ont répondu à une série de questions, afin de connaître entre autres, leur genre, leur âge, la composition de leur foyer, leur catégorie socio-professionnelle ou encore leur niveau scolaire. Puis un second questionnaire a été donné aux participants. Trois grandes thématiques ont été abordées : l’environnement lors de l’enfance (investissement des parents, éducation reçue, expériences personnelles, difficultés familiales), la stratégie reproductive (nombre d’enfants, âge lors de la première grossesse, âge lors du premier rapport sexuel et nombre de partenaires) et l'état de santé (indice de masse corporelle, volonté de rester en bonne santé et consommation de tabac).

Les politiques publiques doivent agir sur ce facteur de risque

L’analyse de ces données a montré qu’il existe une association entre la précarité durant l’enfance et la stratégie de reproduction et de santé des individus. Les personnes concernées étaient en effet davantage caractérisées par des débuts plus précoces dans la vie sexuelle, une arrivée du premier enfant plus tôt, une moins bonne santé à l’âge adulte (surpoids, tabagisme…). En d’autres termes, « un plus faible investissement dans la santé est bien associé à une stratégie de reproduction avantageuse à court terme, et ces comportements sont associés à la présence d’un environnement défavorable durant l’enfance », expliquent les chercheurs.

Ces résultats parus dans la revue “Evolution and Human Behavior” suggèrent donc que des comportements que l’on aurait pu considérer comme a priori complètement indépendants font en réalité partie de stratégies plus générales, qui s’ajustent en fonction de l’environnement. Selon Coralie Chevallier, qui a mené l'étude, ce travail a son importance pour les pouvoirs publics. « L’exposition à des environnements précaires dans l’enfance a des conséquences importantes tout au long de la vie et doit faire l’objet de politiques publiques ciblées », conclut-elle.

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