D'après un sondage, 74,5 % de 10 700 Français et Belges de 13 à 25 ans, interrogés par l'Université libre de Bruxelles (ULB), à l'été 2022, ont répondu avoir déjà envoyé des “nudes”, soit des photos d'eux dénudés. Interviewée par le média L'ADN, Aliya, ancienne victime de cyberharcèlement et de harcèlement à la suite du partage de photos intimes d'elle, constate que les jeunes générations sont de plus en plus enclines à envoyer des nudes : « C'est vraiment entré dans les mœurs. Dans les lycées où je suis intervenue, j'ai été surprise d'entendre des filles qui parlaient de ces photos comme d'une forme de libération du corps de la femme. »
Take It Down : un nouvel outil pour lutter contre le partage de photos intimes
Plutôt que de culpabiliser les adolescents, mieux vaut les sensibiliser aux risques et s'assurer que leurs photos intimes partagées en ligne, notamment lors de revenge porn (le fait de se venger d'une rupture, par exemple, en publiant sur les réseaux des nudes de son ex), puissent être facilement supprimées. Pour ce faire, Meta, le groupe propriétaire de Facebook et d'Instagram, a co-financé un nouvel outil à destination des mineurs, hébergé par le NCMEC (National Center for Missing and Exploited Children) et en ligne depuis lundi 27 février 2023 : Take It Down. Cet outil concerne également les adultes pour des photos publiées avant leur majorité.
De manière anonyme, on peut se rendre sur Take It Down afin de demander le retrait de photos des sites participant à l'opération : Facebook et Instagram, mais aussi Yubo, OnlyFans et Pornhub.
La plateforme se destine :
- aux jeunes de moins de 18 ans inquiets du partage de leurs contenus personnels,
- aux parents ou aux adultes de confiance qui signalent une photo au nom d'un mineur,
- aux adultes qui s'inquiètent des images prises avant leurs 18 ans.
Inutile de télécharger des images réelles pour demander une suppression. La plateforme crée une empreinte digitale de la photographie à retirer, et c'est ce “hachage” qui est utilisé par les entreprises technologiques pour supprimer la photo et empêcher d'éventuels prochains partages. Ces entreprises ne peuvent toutefois agir que sur les réseaux participants, ce qui ne concerne donc pas une messagerie cryptée comme WhatsApp.
L'image ne doit pas être trop modifiée pour être supprimée
L'autre entrave à l'efficacité de Take It Down est relative à l'image en elle-même. Si elle est recadrée, transformée par l'ajout d'un emoji... Elle devient une nouvelle photo, et ne sera donc pas reconnue par l'empreinte de la photographie initiale. En revanche, l'ajout d'un filtre sur Instagram, par exemple, ne modifie pas suffisamment l'image, qui devrait pouvoir être retirée à partir de l'empreinte initiale.
Gavin Portnoy, porte-parole du NCMEC, précise que Take It Down est ainsi un outil efficace « pour les personnes qui ont des raisons de croire qu'une image intime est déjà sur le Web quelque part ou pourrait l'être ». Si cette plateforme a été conçue pour les mineurs, elle a été basée sur le succès du site StopNCII, qui concerne les images intimes d'adultes.