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Syndrome de Usher : une restauration de l’audition grâce à la thérapie génique

Publié le par Alexandra Bresson

Pour la première fois, des chercheurs viennent de restaurer l’audition et l’équilibre chez des souris atteintes du syndrome de Usher de type 1G grâce à l’injection d'un gène essentiel pour la formation et le maintien des cellules sensorielles de l’oreille interne. Ces résultats ouvrent la voie vers le développement de traitements, par thérapie génique, de certaines formes génétiques de surdité.

La surdité, associée dans certains cas à des troubles de l’équilibre, est le déficit sensoriel le plus fréquent. En France, 1 enfant sur 700 naît avec une surdité sévère ou profonde, et 1 enfant sur 1000 deviendra malentendant avant l’âge adulte. Depuis 20 ans, des progrès ont été réalisés dans la compréhension des surdités héréditaires présentes dès la naissance, dont la cause la plus fréquente est un dysfonctionnement de l’oreille interne, constituée de l’organe de l’audition (cochlée) et des cinq organes de l’équilibration (saccule, utricule, et trois canaux semi-circulaires), contenant les cellules sensorielles. A ce jour, près de 100 gènes responsables de ces surdités ont été identifiés.

Parmi les différentes formes génétiques de surdité, le syndrome de Usher de type 1 (USH1) se caractérise par une surdité congénitale profonde, des troubles de l'équilibre et une atteinte visuelle qui évolue vers la cécité. Ce syndrome peut être causé par des mutations dans cinq gènes différents, dont le gène USH1G qui code une protéine nécessaire à la cohésion de ces cellules sensorielles. Actuellement, les individus atteints de surdité et de troubles de l’équilibre bénéficient de prothèses auditives, voire d’une rééducation pour améliorer leur équilibre, mais les résultats sont variables. Une alternative envisageable pour traiter les surdités d’origine génétique est la thérapie génique.

Une seule injection suffit

Celle-ci consiste à transférer une copie saine (non mutée) du gène défectueux, afin de rétablir l’expression de la protéine déficiente. Dans ce contexte, des chercheurs français* viennent de restaurer l’audition et l’équilibre chez des souris atteintes par le syndrome de Usher de type 1 grâce à une thérapie génique. Par une injection locale unique, après la naissance, du gène USH1G, les chercheurs ont réussi à rétablir la structure, très endommagée dès la naissance, de l’appareil de transduction mécano-électrique de ces cellules sensorielles qui tapissent la cochlée. Ce qui a permis aux souriceaux de recouvrer de manière durable, partiellement l’ouïe et complètement l’équilibre.

Les chercheurs ont procédé à l’injection du gène dans l’oreille interne en utilisant un virus inoffensif pour la santé, mais permettant de cibler spécifiquement ces cellules. Comme l’explique Saaïd Safieddine, qui a participé à l'étude, « nous venons de prouver qu’il est possible de corriger partiellement une forme génétique particulière de surdité accompagnée de troubles de l’équilibre, grâce à une thérapie génique locale effectuée après le stade du développement de l’oreille qui est affecté le premier par la mutation responsable. La fenêtre de temps pour traiter efficacement le syndrome USH1 par thérapie génique pourrait donc être plus large qu’initialement envisagée. »

*Du laboratoire Génétique et physiopathologie de l’audition (Institut Pasteur/Inserm/UPMC), du laboratoire Gènes, synapses et cognition (CNRS/Institut Pasteur) et du Centre de neurophysique, physiologie, pathologie (CNRS/Université Paris-Descartes).