Emmanuel Macron en rappeur plus vrai que nature ou Marine Le Pen dans la peau de Shakira dans le clip Waka-Waka. En navigant sur les réseaux sociaux, peut être êtes-vous tombé sur ces faux clips, confondant de réalisme, générés par l’intelligence artificielle et qui arrachent, il est vrai, un petit sourire. Beaucoup moins drôle en revanche, un phénomène, qui utilise la même technique, se répand chez les ados, appelé « Sextorsion », c’est-à-dire la contraction de « sexe » et « extorsion ». Le principe ? Grâce à l’IA, des pédocriminels génèrent des photos d’adolescentes nues, voire des vidéos d’ébats sexuels, pour ensuite les menacer de diffuser le support et tenter de leur extorquer de l’argent.
Le nombre de signalements multiplié par quatre en un an
Comme le précise Le Parisien, cette méthode de racket est en hausse constante et a été largement discutée lors du dernier congrès annuel des experts luttant contre la pédocriminalité à Interpol, en mai. « À l’Office des mineurs (Ofmin), nous avons constaté en un an une augmentation de plus de 470 % des signalements. Nous sommes passés de 1 174 en 2022 à 5 549 en 2023 (fin octobre) », dévoile au quotidien Véronique Béchu, la cheffe du pôle stratégie de l’organisme français chargé de lutter contre les infractions les plus graves commises à l’encontre des mineurs.
« La jeune victime (...) est seule, perdue...»
L’experte assure au Parisien que« ceux qui se cachent derrière se montrent extrêmement agressifs. Entre l’envoi de l’image de nude (« nu ») générée par l’IA à l’adolescent ou l’adolescente, il s’écoule en moyenne trente-cinq minutes d’attente avant que la victime paie, poursuit la commandante de police. Les escrocs pressent l’ado à coups de messages incessants et de menaces de diffusion de la photo ou de la vidéo. La jeune victime a beau savoir qu’elle n’a jamais envoyé ces images, elle est seule, perdue et voit seulement les répercussions d’une telle diffusion. À partir du moment où elle a payé, c’est fini. Les auteurs de l’infraction vont sans arrêt réclamer de l’argent. » Les voyous s’attaquent, en général, aux 14-17 ans et réclament des sommes allant de 100 et 150 euros.
Il faut absolument signaler les faits
Si vous découvrez que votre enfant est pris dans un tel engrenage, Véronqiue Béchu explique la marche à suivre. : « Si vous êtes victime, bloquez le compte de la personne, faites des captures écran des échanges, parlez-en à une personne de confiance, et signalez les faits à un service de police ou de gendarmerie, ou en téléphonant au 3018 (le numéro d’aide aux victimes de cyberharcèlement). »