Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Scolarité : les filles sont moins susceptibles de viser haut que les garçons

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude anglaise révèle qu'à profil académique égal à l'adolescence, les garçons sont plus susceptibles d'avoir des projets plus ambitieux pour les candidatures universitaires que leurs camarades de classe féminines, ce qui soulève des questions quant aux raisons de cet autre type d’écart entre les sexes.

Bien que plus susceptibles de présenter un meilleur parcours scolaire, en termes de durée d'études, de niveau moyen des diplômes ou de taux de réussite aux examens, les filles sont toujours sous-représentées dans les filières prestigieuses. Tel est le constat établi par des chercheurs de l'Imperial College London (UCL). Leur étude menée à partir de données portant sur 5000 élèves de 15 et 16 ans, avait pour but de mesurer leur niveau de motivation et d'ambition sur leur éducation future. Or, les résultats montrent que les garçons avaient des plans éducatifs plus ambitieux que les filles, même s'ils fréquentaient la même école, venaient de milieux familiaux similaires et avaient les mêmes résultats scolaires.

Plus précisément, ces derniers ont exploré l'impact des compétences dites « socio-émotionnelles » que sont l'ambition (dans quelle mesure les élèves se fixent des objectifs élevés) et la motivation (dans quelle mesure les élèves se poussent au maximum de leurs capacités pour atteindre leurs objectifs) au moment de passer des examens à enjeux élevés. Il s'avère que ce sont les élèves qui sont à la fois « motivés » et « ambitieux » qui ont tendance à obtenir de meilleurs résultats. « L'étude révèle aussi que les jeunes issus de milieux plus riches présentent des niveaux de motivation plus élevés que leurs pairs défavorisés, bien que les deux groupes soient tout aussi ambitieux. », indiquent les chercheurs.

Une tendance qui contribue à l'écart des salaires

Mais si les données n'ont trouvé aucune différence entre la « motivation » des garçons et des filles les plus performants, les garçons avaient en revanche tendance à se montrer plus « ambitieux » que les filles, et ce quel que soit le revenu familial. Or, cette ambition peut se traduire par des études dans des universités de statut supérieur pour se diriger, par la suite, vers des carrières plus lucratives, ce qui peut contribuer à expliquer l'écart de rémunération entre les sexes. Selon l'UCL, cette conclusion s'ajoute à celles de nombreuses autres études ayant démontré que les femmes sont moins susceptibles de concourir à de grandes universités, même lorsqu'elles pourraient avoir de meilleurs résultats que les hommes.

« L'objectif de cette étude n'est pas seulement de dire aux filles d'être plus ambitieuses, mais d'amener les jeunes à réfléchir à l'élaboration de plans universitaires concrets et spécifiques. Mais, c'est une bonne idée d'encourager les filles très performantes à être ambitieuses et de leur fournir les informations et le soutien nécessaires pour atteindre ces objectifs. », souligne dans les colonnes du Guardian le Pr Nikki Shure, l'une des co-auteurs de l'étude. Selon celle-ci, les universités sélectives pourraient faire plus d'efforts pour recruter des femmes, en particulier, dans des cours menant à des carrières bien rémunérées qu'elles sont moins susceptibles de suivre : technologie, ingénierie et mathématiques.

Ne pas avoir peur d'exprimer des projets universitaires ambitieux

«Il est intéressant qu'un garçon et une fille de la même école avec le même niveau de scolarité et les mêmes antécédents familiaux aient des projets universitaires sensiblement différents. », ajoute la chercheuse. « L'élaboration de plans plus ambitieux pourrait aider à réduire l'écart, mais bien sûr, cela n'éliminera pas l'écart de rémunération entre les sexes, étant donné les problèmes liés aux débouchés différents selon les cours, même dans la même institution. » Quelle solution s'impose ? L'équipe scientifique estime que l'une des façons les plus concrètes pour motiver les jeunes filles à réaliser leurs ambitions académiques consiste tout simplement à les encourager à établir un projet concret pour l'avenir.

« L'une des principales choses que nous voulons souligner est que se fixer un objectif concret est important pour la performance académique. Nous ne disons certainement pas que chaque jeune doit prévoir de postuler dans une université de renom mais plutôt qu'il devrait élaborer un plan sur lequel il pourra travailler.», concluent les chercheurs. A noter qu'un rapport du gouvernement sur la lutte contre les stéréotypes filles-garçons datant de 2014 confirme que malgré leur meilleure réussite scolaire les filles se retrouvent dans des filières moins sélectives et moins valorisées que les garçons. A titre d'exemple, quand ils se jugent très bons en mathématiques, 8 garçons sur 10 vont en S, contre seulement 6 filles sur 10.