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Rhume, toux, fièvre : la “liste noire” des médicaments pour enfant, inutiles voire dangereux

Publié le par Hélène Bour

L'association de consommateurs UFC-Que Choisir vient de publier une liste de gestes et de médicaments à éviter chez les enfants, car inutiles voire dangereux, dans le cadre de certaines affections sans gravité comme la toux, le rhume ou encore la fièvre. On vous résume ce qu’il faut en retenir.

En tant que parent face à notre enfant malade, on a souvent tous le même réflexe : aller chercher dans l’armoire à pharmacie un “remède miracle” pour apaiser notre bout de chou. Et c’est bien normal, parce qu’on s’inquiète, on se sent démuni et on veut agir.

Pourtant, beaucoup de médicaments pour enfant seraient en réalité inutiles voire dangereux, rapporte cette semaine l’association UFC Que Choisir (UFCQC) dans son numéro de mars. Le magazine rappelle ainsi que certains médicaments ont été retirés du marché du fait de leur inutilité ou de leur dangerosité, mais que « malgré tout, des médicaments à éviter demeurent sur le marché ». Le magazine, qui a fait le point pour plusieurs affections bénignes telles que le rhume, la toux, la fièvre et la diarrhée, appelle à une utilisation plus raisonnée des médicaments pour enfant.

Le rhume : l’eau salée plutôt que les sprays antiseptiques

UFC Que Choisir rappelle qu’après l’âge de 6 mois, « les rhumes sont légion [mais] jamais graves ». L’important est simplement de déboucher le nez de l’enfant pour qu’il puisse mieux respirer et mieux dormir. Et pour ce faire, « le sérum physiologique en dosette, ou l’eau salée en spray plusieurs fois par jour sont vos meilleurs alliés, y compris pour éviter la toux », assure le magazine, qui recommande d’oublier les sprays antiseptiques ou décongestionnants, les suppositoires ou encore les inhalations aux huiles essentielles. Bien que naturelles, celles-ci « peuvent entraîner un risque de convulsions, à cause du camphre ou de l’eucalyptus, des terpènes », ajoute l’UFCQC.

Interviewé par France info, Christophe Delacourt, président de la Société française de pédiatrie et médecin à l'hôpital Necker-Enfants malades de Paris, acquiesce : «Il faut laisser les infections virales banales se passer, chez les enfants. Il faut en revanche consulter un médecin si elles s'accompagnent d'une fièvre élevée, si la respiration ou l'alimentation sont gênées, ou si les symptômes persistent ou s'aggravent au-delà de cinq jours. »

La toux : traiter la cause plutôt que donner des sirops

Pour traiter la toux, UFCQC recommande de traiter la cause de celle-ci, à savoir l’écoulement des glaires du rhume dans la gorge, en désobstruant le nez (avec le fameux sérum physiologique), plutôt que de donner à son enfant du sirop à gogo.

« La totalité des sirops, suppositoires ou poudres qui prétendent supprimer la toux sèche ou grasse n’ont pas d’utilité prouvée et présentent des effets indésirables », souligne le magazine. Tant que la toux ne provoque pas de régurgitations et qu’elle ne gêne pas la respiration, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter.

Douleurs et fièvre : du paracétamol plutôt que de l’ibuprofène

Si la fièvre peut faire peur, il faut rappeler qu’il s’agit d’une réaction normale du corps pour se défendre face à un pathogène, par exemple face à un virus. Si l’enfant la supporte bien, il n’est pas forcément utile de la traiter, assure UFCQC. Si toutefois un médicament est nécessaire, mieux vaut opter pour le paracétamol (en respectant bien la posologie) que pour de l’ibuprofène, car celui-ci a des contre-indications et des effets indésirables nécessitant un avis médical. Même principe pour le traitement de la douleur : « Le paracétamol est le premier recours », d’autant qu’« il agit aussi bien sur les douleurs des oreilles, le mal de tête, le mal de gorge ou les douleurs dentaires ».

Diarrhée : misez sur la réhydratation

« Les sociétés savantes sont formelles : la prise en charge de la diarrhée aiguë consiste avant tout à prévenir la déshydratation, en particulier chez l’enfant de moins de 2 ans », rappelle le magazine. Pour ce faire, ce dernier recommande de toujours avoir en stock des solutions de réhydratation orale (SRO). Les autres médicaments sont à éviter : « L’Imodium enfants, délivré sur ordonnance pour ralentir la motricité intestinale chez l’enfant à partir de 2 ans, peut provoquer des syndromes pseudo-occlusifs en bloquant le transit, et expose à des somnolences gênant la réhydratation ». Les antiseptiques intestinaux (panfurex, nifuroxazide) n’ont aucun effet sur la diarrhée aiguë et peuvent même s’avérer toxiques. Quant aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS comme Advilmed et Nurofenpro), ils sont contre-indiqués en cas de déshydratation.

Reflux du nourrisson : des conseils avant tout

Courant, le reflux du nourrisson est généralement bénin, rappelle l’UFC Que Choisir. Aussi, plutôt que d’opter pour un traitement médicamenteux, mieux vaut d’abord demander des conseils à son pédiatre ou son médecin généraliste, sur la façon dont tenir le biberon pour les éviter, les mesures hygiéno-diététiques que l’on peut mettre en place (épaississement du bol alimentaire, ou fractionnement des repas…). L’UFC Que Choisir rappelle que les médicaments à base de dompéridone (Motilium, Peridys, Oroperidys et leurs génériques) qui étaient très prescrits pour les « bébés RGO » il y a une dizaine d’années, ont été abandonnés dans cette indication car responsables d’effets indésirables rares mais graves (problèmes cardiaques et neurologiques). Depuis 2016, la Haute autorité de santé recommande de ne plus les utiliser chez l’enfant, même contre les nausées et vomissements, aussi le magazine invite-t-il les parents à faire le tri dans l’armoire à pharmacie.

A moins d’un reflux gastro-oesophagien pathologique, qui a des conséquences sur l’alimentation de l’enfant ou sur sa croissance (ce qui est par ailleurs très rare), il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Quelques conseils et éventuellement un épaississant spécial bébé devraient suffire.

Sources : UFC Que Choisir, France Info

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