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Quand des déchets dangereux sont utilisés pour fabriquer des jouets

Publié le par Alexandra Bresson

Une analyse menée par une vingtaine d'organisations européennes révèle que des produits de consommation courante, y compris des jouets, sont fabriqués à partir de déchets électroniques recyclés et se trouvent ainsi contaminés par des produits chimiques toxiques.

Si le recyclage des déchets est un réflexe dont le principal avantage est la participation à la protection de l'environnement, des associations environnementales européennes dont France Nature Environnement, mettent en garde contre un phénomène peu connu. Pour développer cette filière, l'UE a autorisé des dérogations pour certaines substances, ayant pour conséquence le recyclage de certains déchets électroniques et des produits chimiques qu’ils contiennent. Ces derniers peuvent donc se retrouver dans des objets de la vie courante, comme l'explique leur étude qui a consisté à étudier un panel de produits dont des jouets, des ustensiles de cuisine et des accessoires pour cheveux.

Entre avril et juin, 430 articles en plastique ont été achetés dans les magasins et sur les marchés de plusieurs États membres de l’UE dont la France. Après analyses, les résultats ont montré que 109 échantillons (25%) présentent un taux élevé de retardateurs de flamme bromés, ce qui indique la présence de plastique recyclé provenant probablement de déchets électroniques. « Une découverte alarmante puisque ces composés sont en réalité des perturbateurs endocriniens connus pour perturber le fonctionnement de la thyroïde, et causer des troubles neurologiques et des déficits de l'attention chez les enfants. », précise l'association France Nature Environnement dans un communiqué.

Limiter l'achat d'objets en plastique

Une analyse plus fine de ces 109 articles montre qu’entre 70 et 98% d'entre eux contiennent deux des 28 produits chimiques les plus dangereux sur la planète à cause de leur persistance dans l'environnement : 107 articles contiennent des polybromodiphényléthers (PBDE) et 80 articles contiennent des hexabromocyclododecane (HBCD). Les concentrations les plus élevées de PBDE ont été mesurées dans des jouets pour enfants, la plus importante ayant été retrouvée dans un jouet (guitare) vendu au Portugal, suivis des accessoires pour cheveux et des ustensiles de cuisine. Un constat particulièrement préoccupant car les enfants ont tendance à souvent mettre des choses à la bouche.

« Il est inacceptable que les jouets, supposés développer la motricité et la capacité intellectuelle des enfants, tels que les puzzles en plastique et les Rubik cubes, les exposent également à des produits chimiques toxiques aux effets neurotoxiques totalement opposés. », soulignent les chercheurs dans leur étude. Selon Jitka Strakova, auteure principale de celle-ci, « le système endocrinien d'un enfant ne se soucie pas de savoir si un jouet est fait de plastique neuf ou recyclé, quand il est perturbé de PBDE toxique ». Par ailleurs, en ce qui concerne les produits français, trois jouets et trois accessoires pour cheveux ont été analysés et 100% des échantillons contenaient les produits toxiques recherchés.

A noter aussi que les aliments peuvent être contaminés indirectement car les PBDE et le HBCD peuvent facilement migrer à partir des ustensiles de cuisson. France Nature Environnement précise par ailleurs qu'à son échelle, le consommateur ne peut pas agir car il ne sait pas quand un produit contient des matières issues du recyclage : il peut seulement limiter ses achats d'objets en plastique. À plus grande échelle, la seule solution serait selon elle « d’exiger de l’UE d’aligner les limites autorisées de substances dangereuses dans les plastiques recyclés sur celles des plastiques neufs. » C'est pourquoi elle appelle les eurodéputé.e.s à voter contre toute dérogation pour les plastiques recyclés, lors de la session plénière du Parlement européen qui aura lieu à partir du 22 octobre.

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