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Puberté : pourquoi intervient-elle plus tardivement chez certains enfants ?

Publié le par Alexandra Bresson

En voulant comprendre pourquoi certains enfants ont une puberté plus tardive que d'autres, des chercheurs britanniques ont découvert que la réponse se trouve dans leur cerveau ! Car si une alimentation saine pendant l'enfance a un rôle essentiel pour la croissance, celle-ci ne suffit pas si un récepteur cérébral appelé MC3R ne fonctionne pas correctement. 

Selon les personnes, la puberté peut débuter à un âge très variable. L’âge de la puberté est en effet déterminé en partie génétiquement : dans certaines familles, la puberté a tendance à commencer plus tôt ou plus tard que la moyenne. Toutefois, même en tenant compte de ces particularités, les signes de la puberté peuvent soit se manifester très tôt, la puberté précoce, soit tarder à apparaître, la puberté tardive. Comme l'explique le journal Ouest France, une équipe de chercheurs de l'Université de Bristol vient de découvrir le phénomène biologique en cause, à savoir une partie du cerveau, et plus particulièrement un récepteur cérébral dysfonctionnant. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Nature.

Plus précisément, les scientifiques ont découvert comment un récepteur dans le cerveau, appelé MC3R, détecte l'état nutritionnel du corps, régule le moment de la puberté et le taux de croissance chez les enfants, et augmente leur masse musculaire maigre. « Cette découverte peut expliquer pourquoi les humains ont grandi et atteint la maturité sexuelle plus tôt au cours du siècle dernier, où la taille moyenne a augmenté d'environ 10 cm au Royaume-Uni et jusqu'à 20 cm dans d'autres pays », expliquent-ils. Le monde scientifique a longtemps suggéré que ce phénomène pouvait s'expliquer par à un accès direct et plus fiable à la nourriture pour les femmes enceintes et leurs enfants.

Une puberté plus tardive si le récepteur MC3R ne fonctionne pas correctement

Mais une question restait tout de même en suspens : pourquoi certains enfants grandissent-ils moins vite que les autres, alors qu'ils bénéficient d’une alimentation tout aussi adaptée ? L'équipe de chercheurs a alors découvert le rôle du récepteur cérébral baptisé « MC3R », connu sous le nom de récepteur de la mélanocortine 3. En réponse aux signaux nutritionnels, ce dernier contrôle la libération d'hormones clés régulant la croissance et la maturation sexuelle. Ainsi, lorsque la quantité de nourriture est suffisante chez l'enfant, son rôle consiste à faire le lien dans l'organisme entre l’alimentation, le développement sexuel et la croissance.

Pour confirmer cette hypothèse, l'équipe scientifique a étudié le patrimoine génétique de 500 000 Britanniques, volontaires de la UK Biobank, à la recherche de personnes présentant des mutations génétiques altérant la fonction de ce récepteur cérébral MC3R, et en a identifié quelques milliers. Ils ont alors constaté que ces personnes étaient en moyenne plus petites, avaient des quantités plus faibles de tissus maigres et sont entrées dans la puberté des mois plus tard par rapport à celles qui ne présentaient pas ces fameuses mutations. Pour confirmer ces résultats chez les enfants, ils ont identifié au sein d'une autre cohorte de participants 6 enfants présentant des mutations dans le récepteur MC3R.

Une piste pour soigner le retard de croissance

Il s'avère que les six enfants en question étaient plus petits et avaient une masse maigre et un poids inférieur tout au long de l'enfance, par rapport à la moyenne nationale au Royaume-Uni, « ce qui montre que cet effet commence très tôt dans la vie », notent les chercheurs. Cette découverte a son importance puisqu'elle montre comment le cerveau détecte la présence de nutriments et l'interprète pour prendre des décisions qui influencent la croissance, donc la puberté. Le fait de mieux comprendre ce processus biologique permettra également de favoriser le dépistage de mutations du MC3R chez les enfants présentant de graves retards de croissance et de développement pubertaire.

Outre le dépistage, de nouveaux traitements pourraient voir le jour afin de soigner les retards de croissance chez les enfants. Notamment ceux fragilisés par des maladies chroniques, qui ont besoin de se muscler. « Cette recherche peut avoir des implications au-delà du développement de l'enfant et de la santé reproductive », estiment les chercheurs. « De nombreuses maladies chroniques sont associées à la perte de masse maigre, avec la fragilité qui en résulte. Les recherches futures devraient déterminer si les traitements qui activent précisément le MC3R peuvent aider à rediriger les calories vers les muscles et tissus faibles, afin d’améliorer les fonctions physiques », concluent-ils.

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