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Voici pourquoi votre enfant de 3 ans ne veut plus faire la sieste

Publié le par Estelle Hersaint

Votre enfant de 3 ans refuse d’aller faire la sieste, alors que d'autres enfants la font encore à 6 ans ? Selon deux chercheuses américaines, cette différence serait liée au développement  du cerveau. Le détail.

Rituel quotidien de l’après-midi, reposant pour les enfants comme pour les parents, la sieste permet de consolider les émotions et les souvenirs des enfants. Pourtant, dès leurs 3 ans, certains d’entre eux se mettent à refuser la sieste, tandis que d’autres en ont encore besoin jusqu’à leurs 5 ou 6 ans. Pourquoi ?

D’après une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, par deux chercheuses américaines, Rebecca Spencer, professeure en psychologie et sciences du cerveau à l'Université du Massachusetts Amherst (Etats-Unis) et sa consœur, Tracy Riggins, psychologue spécialisée dans le développement de la mémoire, cela pourrait avoir un lien avec le développement du cerveau et notamment de l'hippocampe.

Tout se passe dans l’hippocampe

Siège de la mémoire et de l’apprentissage, ce petit morceau de cerveau est situé dans le lobe temporal du cortex cérébral. C’est la salle d’attente des souvenirs, avant qu'ils ne passent à un stockage à long terme dans le cortex. Selon les données de l’étude, c’est à cet endroit que tout se passerait.

« Lorsque les petits enfants font la sieste, ils consolident les souvenirs émotionnels et déclaratifs, alors on peut se demander, comme c'est un moment d'apprentissage si important, pourquoi abandonnent-ils la sieste si la sieste aide à apprendre ? Pourquoi ne pas simplement continuer à faire la sieste ? », avance Rebecca Spencer, reprise par Science Direct.

D’après leurs recherches, les scientifiques ont constaté une différence de développement de l’hippocampe entre les enfants qui ne veulent plus faire de sieste et ceux qui continuent. Chez ces derniers, l’hippocampe ne serait pas encore assez développé pour assimiler toutes les informations de la journée et les envoyer vers le cortex. « Les siestes servent à traiter les souvenirs », explique Rebecca Spencer. Mais lorsque l’hippocampe immature atteint sa limite, les souvenirs ne peuvent plus être stockés correctement. Alors, les enfants ont sommeil. Pour illustrer sa thèse, Rebecca Spencer compare cette partie du cerveau à un petit seau : quand il est plein d’informations, il déborde. Ce trop-plein pousse les enfants à vouloir dormir pour vider leur seau. « Quand l'hippocampe est inefficace, c'est comme avoir un petit seau », dit-elle. « Le seau va se remplir plus rapidement et déborder, et certains souvenirs vont se renverser et seront oubliés. C'est ce que nous pensons qu'il se passe avec les enfants qui font encore la sieste. Leur hippocampe est moins mature, et ils doivent vider ce seau plus fréquemment », décrit l’experte.

A l’inverse, quand l’hippocampe est plus développé, les enfants n’ont plus besoin de faire la sieste. Le seau ne déborde plus, il est assez grand pour tout contenir. Ces enfants peuvent conserver leurs souvenirs jusqu’à la fin de la journée, et attendre la nuit, moment où le processus de sommeil transfère toutes les informations de l'hippocampe au cortex.

Mais attention, le fait qu’un hippocampe se développe moins vite qu’un autre ne veut pas dire qu’il y a nécessairement un problème ou que votre enfant est moins intelligent. Chacun a son propre rythme, et il faut le respecter.

Les multiples bienfaits du sommeil (y compris pour les parents)

Pourtant, le sommeil a de nombreuses vertus : en plus de redonner de l’énergie, il améliore la mémoire à long terme, aide à assimiler de nouvelles données, régule les émotions telles que le stress. Si chez l’enfant, une sieste peut durer plusieurs heures, chez l’adulte, 10 ou 15 minutes suffisent souvent à recharger les batteries.

Si avec l’âge, certains enfants ne veulent plus aller “siester”, les chercheuses soulignent pourtant l’importance de toujours proposer aux enfants un temps calme pour se reposer. « Certains d'entre eux ont encore besoin de faire la sieste ; d'autres n'en ont peut-être plus besoin, mais s'ils dorment, nous savons que cela va profiter à leur apprentissage », assure Rebecca Spencer.

Les chercheuses conseillent donc d’encourager la sieste, même lorsque l’enfant n’en ressent plus le besoin. Dormir joue un rôle très important dans la croissance et le développement des jeunes enfants, et l’arrêt forcé de la sieste « pourrait conduire à un apprentissage et à une mémoire moins optimaux », assure Rebecca Spenser. Même si beaucoup de parents en rêvent, difficile toutefois d’endormir son enfant s’il en a décidé autrement …