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Pourquoi il ne faut pas demander à son enfant s’il a un amoureux

Publié le par Mathilde Saez

Cette question innocente que de nombreux adultes posent aux jeunes enfants peut en réalité venir perturber leurs relations sociales. Deux experts en psychologie infantile nous disent pourquoi.

« Alors, tu as un petit ami dans ta classe ? » Montre-moi qui est ton amoureuse ? Voici des questions en apparence bien anodines que les adultes aiment poser à leurs enfants. Avant tout par pure curiosité, un peu par taquinerie, et pour observer la réaction de l'enfant et entendre sa réponse, parfois perçue comme amusante et loufoque. Oui mais.... oui mais cette question n'est pas si innocente que ça. Mireia Orgilés et José Pedro Espada, deux experts en psychologie infantile, conseillent même d'éviter ce genre de question aux trop jeunes enfants, au risque de perturber leurs relations avec leurs pairs.

L'amitié prime avant tout le reste

Tout d'abord, il est bon de rappeler que durant l'enfance, c'est bien la notion d'amitié qui a de l'importance. Robert Selman, professeur à l'Université Harvard, a proposé l'une des théories les plus connues sur l'évolution de l'amitié.  Ainsi, les enfants d'âge préscolaire conservent une vision égocentrique de l'amitié et considèrent que les amis sont ceux avec qui ils partagent des jeux et le même espace physique. Pour les enfants d'âge scolaire, les préférences partagées et la coopération deviennent plus importantes. À l'adolescence, le soutien mutuel est davantage valorisé. Le changement de la nature des relations entre pairs se produit à l'adolescence, avec un intérêt sexuel accru. Ce n'est qu'à ce moment-là que les amitiés évoluent vers un lien plus affectif.

L'influence des adultes

Pour les enfants, on remarque souvent une préférence pour les relations avec des pairs du même sexe. Les adultes, par leurs commentaires, approuvent ou désapprouvent les relations que les enfants entretiennent avec leurs camarades, les conditionnent. En demandant aux enfants s'ils ont un petit ami ou une petite amie on peut influencer la manière dont ils se comportent avec leurs amis. Comme si le fait qu'ils jouent avec un.e camarade du sexe opposé, il y avait forcément une relation différente que de la simple amitié. En demandant aux enfants s'ils ont un petit ami ou une petite amie, nous les avertissons qu'il existe une manière différente de se comporter avec des personnes, ce qui encourage un changement dans leur façon d'être avec leurs amis.

Pousser à l'hypersexualisation

Cela peut ainsi engendrer la réaction inverse que celle espérée, en poussant l'enfant à rejeter d'un coup l'ami.e du sexe opposé qu'il s'était fait, car il ne veut pas sembler avoir une relation d'amitié intime, souvent associée à des comportements dont les enfants ont honte, comme s'embrasser ou se tenir la main. De plus, lorsque nous demandons aux enfants quel garçon ils aiment, ou qui est leur petite amie, nous normalisons l'idée qu'à leur âge ils peuvent avoir un ami proche comme les adultes, ce qui encourage l'hypersexualisation des enfants.