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Pollution intérieure : un cocktail chimique dangereux pour la santé des enfants

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs ont mené une évaluation des risques cumulés liés à une exposition quotidienne à plusieurs composés organiques « semi-volatils » parmi les plus retrouvés dans les logements en France. Les résultats montrent que ce mélange de polluants a des conséquences importantes pour la santé des enfants sur deux niveaux.

 

La composition de l’air intérieur que nous respirons dans notre logement est différente de celle de l’air extérieur. Mais pour autant, cet air n'est pas forcément de bonne qualité car il peut être altéré par l’utilisation de certains produits, appareils ou simplement par la présence d’allergènes pouvant avoir un impact sur la santé. Ainsi, de nombreux produits et matériaux de nos logements contiennent des substances chimiques telles que plastifiants, retardateurs de flamme, pesticides... Ces composés sont dits « semi-volatils » car présents, en petites quantités, dans l’air, mais aussi dans la poussière déposée sur les surfaces. Nombre d'entre eux sont connus pour être neurotoxiques, reprotoxiques ou cancérigènes.

Des chercheurs de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) ont mené une étude pour évaluer les risques pour la population en France, non seulement composé par composé ou famille chimique par famille chimique, mais aussi de façon plus globale en cumulant les risques. L’étude s’est focalisée sur 32 composés pour lesquels les auteurs avaient préalablement évalué l’exposition dans le logement en France à partir de mesures dans l’air et les poussières, réalisées avec l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur. A partir de ces données, les risques ont d’abord été évalués pour chaque composé, en comparant à la valeur toxicologique de référence, les expositions dans le logement.

Un risque neurotoxique clairement identifié

Celles-ci peuvent se faire de différentes manières : une inhalation, un contact avec l’air mais aussi l’ingestion involontaire de poussières. Les chercheurs ont évalué ces risques cumulés pour l'enfant et l'adulte mais aussi in utero (le fœtus) pour tenir compte d’une sensibilité particulière pendant cette période. Les résultats ont montré qu'il existe bel et bien un risque de toxicité pour 95 % des enfants, notamment reprotoxique et neurotoxique, et 5 % des fœtus. Ce qui est inquiétant pour les chercheurs, c'est que tous ces composés ont déjà fait l’objet de mesures d’interdiction ou de restriction sur le territoire européen mais il s’agit de substances persistantes (composés bromés ou chlorés).

Autre possibilité, les matériaux contenant ces composés sont toujours en place dans les logements (phtalates dans les matériaux plastiques par exemple). La population y est donc encore exposée au quotidien malgré des mesures réglementaires. « Cette approche cumulée suggère que lorsque l’on considère l’addition des composés, les risques concernent une bonne part de la population d’enfants. Ces résultats plaident donc, malgré les incertitudes inhérentes à la démarche, pour la mise en œuvre de mesures de prévention qui seraient complémentaires, les substances les plus contributives étant déjà pour la plupart interdites, mais toujours dans les logements. », concluent les chercheurs.

Il existe cependant quelques conseils pour limiter la pollution de l'air intérieur, que des membres de l'École des hautes études en santé publique ont résumé dans la revue The Conservation. En premier lieu, il est recommandé de réduire les émissions à l'intérieur, à savoir toute « combustion non ou mal contrôlée » (cigarette, bougies, encens, parfums chimiques...). Il est également conseillé de guetter les signes d'humidité et de la prévenir, étant donné les risques associés de troubles respiratoires ou d'allergies. Enfin, chaque jour, il faut veiller à aérer dix minutes pour renouveler l’air dans le logement. Le dernier principe consiste plus largement à éviter d'exposer le logement aux pollutions extérieures.

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