Deux enfants décédés, des dizaines de jeunes hospitalisés… En 2022, des pizzas Buitoni intoxiquées par la bactérie E. coli avaient entraîné un scandale sanitaire. Le site de fabrication, à Caudry, dans le Nord, a été fermé après la révélation de dysfonctionnements et une chute des ventes.
Une indemnisation en amont d’un procès
Sans attendre une mise en examen de Nestlé et un éventuel procès, le groupe a signé un accord avec 63 victimes, dont 45 enfants et adolescents. En fonction des conséquences pour la santé de chacune des victimes, les familles recevront une indemnisation allant de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Ce type d’accord devançant la justice, entre l’entreprise et les individus, via leur avocat, est plus rare en France que, par exemple, aux États-Unis. Interviewée par Le Parisien, une maman explique avoir accepté cette démarche « à l’amiable », car ils se sentent, avec sa famille, « complètement abandonnés » : « La justice ? On n’en a pas entendu parler. Nous n’avons toujours pas été auditionnés plus d’un an après. Il n’y a pas eu de mise en examen. » Les victimes font le parallèle avec l’affaire du lait infantile Lactalis contaminé aux salmonelles, en 2017, dont le procès n’a toujours pas eu lieu.
Nestlé France assure que cet arrangement financier est fait en fonction d’une « évaluation médicale et [tient] compte, de manière équitable, de la gravité des préjudices et de chaque situation. » Mais pour le groupe, numéro un mondial de l’agroalimentaire, c’est aussi soumettre les victimes à la confidentialité, après un scandale sanitaire et médiatique et la fermeture d’une usine employant 120 personnes. Une information judiciaire, ouverte en mai 2022, serait en cours, pour homicide involontaire à l’égard de deux victimes et pour blessures involontaires à l’égard de quatorze autres.